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Masters of Horror 1-01 : La Survivante – Don Coscarelli

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Masters of Horror. Saison 1, épisode 01
Incident on and Off a Mountain Road. 2005

Origine : États-Unis / Canada
Genre : Horreur
Réalisation : Don Coscarelli
Avec : Bree Turner, John De Santis, Ethan Embry, Heather Feeney…

Parce qu’elle a détourné un instant son attention de la route pour changer de fréquence radio, Ellen (Bree Turner) n’a pu éviter la voiture arrêtée en travers de la chaussée. Bloquée au milieu de nulle part, la jeune femme angoisse lorsqu’elle découvre sur le siège conducteur de l’autre voiture, non pas l’autre automobiliste mais des tâches de sang. Une angoisse qui se mue en panique lorsque surgit en contrebas de la route un grand escogriffe aux dents d’acier et à l’air menaçant, tenant d’une main ferme la chevelure de l’autre infortunée conductrice. La nuit promet d’être longue.

Il faut bien le reconnaître, l’annonce d’une série offrant un écrin sur mesure à des grands noms du cinéma fantastique avait fait saliver tous les amateurs du genre. Enfin, l’horreur allait avoir de nouveau droit de citer sur le petit écran, et ce sans aucune des contraintes généralement inhérentes au genre. Cependant, la diffusion d’une anthologie soulève quelques questions, notamment en ce qui concerne les critères qui président à l’ordonnancement des épisodes au cours d’icelle. Notoriété du réalisateur, temps de tournage, histoire accrocheuse, voici ceux qui me viennent à l’esprit à brûle-pourpoint.

Parmi ces « maîtres de l’horreur », Don Coscarelli n’est pas le plus connu d’entre eux, mais pas le moins inventif, comme est venu nous le rappeler Bubba Ho-Tep (2002), concentré de folie et d’inventivité. Il paraît donc le candidat idéal pour lancer la série sur de bons rails, même si de prime abord, son choix d’œuvrer dans le survival semble relever de la facilité. Tous les éléments du genre sont là : tueur à la mine patibulaire (mais presque), forêt dense et profonde loin de toute civilisation, repaire glauque et sordide de ce même tueur, jeune femme en danger, etc… Nous sommes en terrain archi balisé. Même l’allure général du boogeyman déçoit, qui lors de sa première apparition donne dans le clin d’œil appuyé au Creepers de Victor Salva (Jeepers Creepers, 2001). Néanmoins, s’attaquer à un genre aussi codifié présente l’avantage de pouvoir être facilement perverti. Généralement, le survival s’inscrit dans une même unité de temps et de lieu. Or, très tôt dans sa narration, Don Coscarelli brise cette unité par le biais de flashbacks qui relatent les jours heureux d’Ellen et de l’homme qui deviendra par la suite son mari. Des flashbacks qui interviennent à un rythme régulier comme autant d’échos à la situation à laquelle Ellen se retrouve confrontée. Un brin paranoïaque et très porté sur l’auto-défense, Bruce (le mari) s’est échiné à inculquer son savoir à Ellen afin qu’elle puisse se dépatouiller dans ce monde de brutes. Un enseignement qu’elle n’a guère pris au sérieux, au contraire de son attitude de plus en plus intransigeante à son égard. Sauf que ce savoir, acquis dans la douleur et facteur de bisbilles au sein du couple, permet à Ellen d’outrepasser son statut de simple victime. Elle ne se contente alors plus d’échapper à son monstrueux agresseur mais lui concocte quelques menus pièges dignes d’un John Rambo. Cette attitude combative, et partant inédite tant elle requiert une bonne dose de sang-froid, rehausse en intérêt ce sempiternel jeu du chat et de la souris. Que le résultat ne soit pas au diapason des efforts fournis, bien que riche de petites touches ironiques, importe finalement peu tant il suffit à poser le personnage comme un opposant sérieux au boogeyman. Avec elle, le tueur est tombé sur un os. Il en est presque dommage que le récit retombe dans le cliché lors de la visite de l’antre de la bête qui ne s’imposait pas. Outre une ambiance très Massacre à la tronçonneuse (le 2, pas l’original pour changer), ce passage nous impose la présence bien inutile de Buddy, une pipelette qui nous abreuve d’explications superfétatoires quant au modus operandi du tueur. Si la gageure pour Don Coscarelli consistait à offrir un petit rôle à Angus Scrimm, la figure emblématique de ses Phantasm, il lui était certainement possible de le faire de manière plus judicieuse. Dans le cas présent, ça fleure bon le passage obligé, à l’instar de l’ensemble de la scène. D’ailleurs, l’épisode ne s’en relèvera jamais vraiment, en dépit du coup de théâtre final, illustration qu’il n’y a de plus grand péril que ce qui se cache derrière l’apparence de la normalité.

La Survivante lance les hostilités sur un sentiment mitigé. Trépidant dans sa première partie, l’épisode sombre dans le m’as-tu-vu lors d’une seconde partie nettement plus laborieuse. Esthétiquement, La Survivante a de l’allure (autant l’actrice que l’épisode, d’ailleurs), avec mention spéciale au champ des suppliciés. Il se dote même d’un sous-texte pas inintéressant sur la paranoïa galopante des américains, saupoudré d’une bonne dose d’ironie. En cela, il présente des caractéristiques proches du Serial auto-stoppeur de Larry Cohen, sans non plus en atteindre le jusqu’au boutisme amusé.

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