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Les Contes de la crypte 3-13 : A en perdre la tête – Andy Wolk

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Les Contes de la crypte. Saison 3, épisode 13. 
Spoiled. 1991

Origine : Etats-Unis 
Réalisation : Andy Wolk 
Avec : Faye Grant, Anthony LaPaglia, Alan Rachins, Annabelle Gurwitch…

Janet est une épouse malheureuse car délaissée par son médecin de mari qui travaille sans fin sur une expérience aux visées révolutionnaires. Ses hormones la titillent, et le soap opera dont elle est friande ne fait qu’intensifier sa soif de passion exacerbée. Ainsi, lorsqu’elle décide de faire installer le câble pour mieux suivre son programme favori, elle ne peut résister à l’envie d’exprimer sa fougue avec le fier étalon des branchements.

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Il ne faudrait pas oublier que si Les Contes de la crypte s’est permis de faire du mauvais goût à l’écran, assumant fièrement personnages méchants, humour noir et gore grand-guignol, elle a aussi profité des largesses offertes par HBO (une chaîne géniale, c’est la meilleure amie de Janet qui le dit dans sa tirade louant les mérites des chaînes câblées !) pour frayer dans l’érotisme, ou à tout le moins, dévoiler ses actrices. L’épisode réalisé par Andy Wolk -un novice remarqué peu de temps avant pour son téléfilm Innocent coupable avec Forest Whitaker et (tiens tiens…) Anthony LaPaglia- met cet aspect en avant, continuant ainsi à diversifier cette riche saison 3, qui au final nous aura appris à ne plus forcément attendre un élément purement horrifique pour chaque épisode. L’important étant somme toute qu’une certaine causticité se fasse ressentir. Et ici, elle s’affiche avec ostentation, voire peut-être un peu trop, puisque dès le début de l’épisode le réalisateur nous plonge dans un monde de crétinerie trempé dans l’eau de rose de la collection Harlequin, à base de fantasmes pour ménagères contrariées. Mais ouf, il ne s’agissait que de l’extrait d’un des épisodes du soap opera suivi par Janet, elle-même une de ces ménagères contrariées pour les mêmes raisons que l’héroïne dudit soap : son mari n’a que le travail en tête et délaisse son devoir conjugal. Et, là encore comme cette héroïne, rien de mieux pour obtenir vengeance tout en comblant ses besoins que de se lancer à corps perdu dans un adultère torride. Tout A en perdre la tête (moins son dénouement, qui revient à la punition horrifique de bon aloi chère à la série) se déroule ainsi comme étant le prolongement dans la vie réelle de ce qui est un spectacle bas de gamme. Autant dire que Janet et son étalon sont d’un ridicule achevé. Andy Wolk et surtout ses scénaristes s’amusent à rendre cette liaison extraconjugale la plus débile possible. Puisque dans le fond il ne s’agit que d’une idylle purement physique, il n’y a pas l’ombre d’un sentiment entre la femme et son amant. En revanche, puisque madame voit cela comme étant une aventure exaltante, elle exige que le contexte des ébats lui rappelle le genre d’histoire dont elle est friande. Le type sur lequel elle est tombée étant l’installateur du câble, il n’est que trop facile pour les scénaristes de donner à cette affaire une connotation pornographique parodique. La vieille histoire de l’inconnu pénétrant dans l’intimité de la femme seule. C’est ainsi que Janet a-t-elle souvent des ennuis de réception, et qu’elle est encore contrainte d’appeler le zélé Abel à la rescousse. Et puisqu’elle est chez elle, pourquoi n’aurait-elle pas le droit de garder sa petite tenue ? Après tout, l’homme est dans le cadre de ses fonctions professionnelles, et il est là pour relier les prises mâles aux prises femelles comme il sait si bien l’expliquer de sa voix suave. Et pendant ce temps, le cocu de mari de passer son temps à manier un lapin pour faire avancer la science. Les acteurs n’y vont pas par quatre chemins : il est vrai que Wolk ne leur demande pas grand chose, si ce n’est de reproduire les clichés habituels du porno californien. Faye Grant prend des poses langoureuses -l’actrice de la série V s’encanaille encore, comme dans Affaires privées tourné l’année précédente-, tandis que Anthony LaPaglia fait dans la virilité de pacotille, le tout sur fond de dialogues imagés piochant dans le champ lexical du dépannage télévisuel. Et n’oublions pas le cornu en blouse blanche, qui lorsque sa femme vient le voir dans sa tenue de nuit de noces ne trouve rien de mieux à faire que de lui passer le stéthoscope pour qu’elle puisse témoigner de la bonne anesthésie du lapin cobaye. Derrière cet humour vraiment peu subtil, et qui il est vrai finit par tourner à vide, Andy Wolk ne brocarde pas tant l’ennui des bourgeoises délaissées que la bêtise de certains programmes, et des attentes sur lesquelles leur succès repose. Notons d’ailleurs que le gardien de la crypte vient lui-même ricaner dans l’épisode, lorsque Abel allume la télé pour montrer au mari qu’il ne se trouvait dans la chambre que pour réparer le câble.

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Ne nous y trompons pas : le final horrifique, quoique amusant, compte pour du beurre et tombe comme un cheveu sur la soupe. Il n’est là que pour mettre un point final à une intrigue qui n’allait déjà plus nulle part depuis une dizaine de minutes. La bonne idée de départ n’aura donc pas suffi à remplir la vingtaine de minutes allouée au réalisateur. Quelques lignes de dialogues et quelques images sont à retenir de cet épisode qui finalement, malgré son souhait de tirer la série dans une direction originale (l’érotisme, vu sous le même angle grand guignol que le gore dans d’autres épisodes), apparaît assez quelconque et un peu poussif.

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