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Les Contes de la crypte 2-15 : Curiosité fatale – Jim Simpson

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 15.
Mute witness to murder. 1990

Origine : États-Unis
Réalisation : Jim Simpson
Avec : Patricia Clarkson, Richard Thomas, Reed Birney, Rose Weaver…

Pauvre Suzie ! En l’espace d’un instant, sa vie bascule de la félicité à l’horreur pure. Alors qu’elle prenait l’air sur son balcon, il lui a suffi de surprendre un mari excédé assassinant sa femme à travers les fenêtres de leur appartement pour perdre totalement pied. Désormais incapable de proférer un son, elle ne peut expliquer à son époux mort d’inquiétude la raison de son état… ni que le docteur auquel il a fait appel n’est autre que le mari assassin.

Pas bégueules, les producteurs des Contes de la crypte ne recherchent pas forcément des noms ronflants ou prometteurs pour réaliser quelque épisode. Un minimum de motivation et de la disponibilité semblent suffire, à en juger par la participation de Jim Simpson. A l’époque de Curiosité fatale, il n’avait dans le milieu qu’une expérience d’assistant de production sur West is West, une comédie musicale indo-américaine, à faire valoir. Bien encadré, notamment par Robert Draper à la photographie qui compte à son actif une poignée de Contes de la crypte ainsi que Halloween 5 ou encore Darkside, contes de la nuit noire, le baptême du feu de Jim Simpson s’effectue sans anicroches, son épisode s’inscrivant dans la bonne tenue d’ensemble de la série.

De la pléthore de genres abordés par la série, cet épisode tend plus volontiers vers le thriller avec un postulat de départ hitchcockien en diable. Toutefois, à la différence de L.B. Jeffries dans Fenêtre sur cour, Suzie ne passe pas son temps à espionner les habitants de l’immeuble d’en face. Au contraire, elle serait plutôt du genre à se replier sur son petit bonheur, répétant à l’envi le « miracle » de sa rencontre avec Paul. De fait, le choc traumatique dont elle est victime s’explique bien évidemment par la violence de l’acte auquel elle vient d’assister, mais aussi par la sidération de ce qu’un tel acte implique. Comment un mari peut-il en arriver à tuer sa femme ? Elle qui vit un bonheur sans nuage avec son époux n’aurait jamais pu imaginer qu’une chose pareille soit possible. Le Dr. Trask ne s’imaginait pas non plus en assassin. Loin d’être prémédité, son acte répond d’un ras-le-bol général, lui dont la santé précaire ne lui permet plus de supporter la moindre contrariété. Une fois ce Rubicon franchit, il se révèle un être froid et sans scrupule, capable des pires ignominies pour goûter au calme auquel il aspire. Par la force d’un scénario qui ne craint pas les facilités pour mieux servir les desseins de la plongée en enfer de la pauvre Suzie, le Dr. Trask se trouve être le directeur et principal actionnaire d’un hôpital psychiatrique. En cette qualité, il a toute latitude pour s’adonner à ses penchants machiavéliques, n’hésitant pas à semer le doute dans l’esprit de Paul en cherchant à le culpabiliser. A l’incompréhension grandissante de Paul qui se mue en profond énervement, le Dr. Trask, imperturbable, lui oppose un calme olympien soutenu par la voix rassurante du praticien sûr de lui. Le contraste est saisissant et fait tout le sel d’un épisode qui joue davantage sur la tension que sur l’action. Prisonnière de son mutisme et d’une camisole, Suzie ne peut qu’assister impuissante aux machinations du docteur qui mettent à mal son petit bonheur conjugal. Une passivité forcée qui renvoie comme un mauvais pied de nez à son inaction lors de l’assassinat de Mrs Trask.

D’ordinaire plus rigolard, ou tout du moins teinté d’humour noir, le ton de la série se fait ici davantage cruel. Pour sa première réalisation, Jim Simpson réussit à maintenir une tension permanente, bien aidé par des comédiens impliqués dont Richard Thomas (le brave docteur) et Patricia Clarkson (l’infortunée Suzie). Car non contente d’être une série à la direction artistique irréprochable, Les Contes de la crypte peuvent aussi s’enorgueillir d’une interprétation au diapason, la plupart du temps de la part d’habituels seconds rôles tout heureux de pouvoir démontrer toute l’étendue de leur talent.

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