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Les Contes de la crypte 2-02 : L’Échange – Arnold Schwarzenegger

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 02.
The Switch. 1990

Origine : États-Unis 
Réalisation : Arnold Schwarzenegger 
Avec : William Hickey, Kelly Preston, Rick Rossovich, Roy Brocksmith…

Désireux de redonner des couleurs à son existence, Carlton Webster (William Hickey) prend enfin son courage à deux mains et dévoile ses sentiments à la jeune Linda (Kelly Preston) dont il est éperdument amoureux. Pour être sûre que la jeune femme ne s’entiche pas de lui pour de mauvaises raisons, il passe sous silence sa grande richesse. En revanche, il ne peut rien pour cacher son grand âge, détail rédhibitoire aux yeux de sa bien-aimée. Tenace, le vieil homme décide de recourir à une chirurgie esthétique d’un nouveau genre pour lui plaire. Sans le savoir, il vient de plonger dans un engrenage infernal.

Suivre une série relève du rituel que quelques notes du générique suffisent à nous remémorer. Porté par la musique de Danny Elfman et construit autour d’un plan-séquence en caméra subjective nous amenant à visiter le domaine du gardien de la crypte jusqu’à son irruption dans un éclat de rire sardonique, le générique des Contes de la crypte nous plonge immédiatement dans un univers lugubre et macabre, digne des meilleurs trains fantômes. S’ensuit l’incontournable présentation de l’histoire à suivre par ce même gardien, qui n’hésite pas à se grimer pour mieux l’introduire. Loin d’être rébarbatives, et s’inscrivant dans la continuité d’autres grandes séries telles La Quatrième dimension et Alfred Hitchcock présente, ces petites pastilles introductives et conclusives constituent l’ADN du show, instants suspendus qu’on ne raterait pour rien au monde. Et de temps à autre, sans crier gare, le gardien de la crypte nous réserve une surprise dont il a le secret. Dans le cas présent, elle prend la forme imposante d’Arnold Schwarzenegger qui s’invite pour présenter lui-même l’épisode qu’il a réalisé. Un honneur qui témoigne du caractère exceptionnel dudit épisode à plus d’un titre. Première star à fouler les plateaux de la série, Arnold Schwarzenegger passe en outre pour la première fois derrière la caméra, à une période où sa carrière venait de prendre un tournant décisif suite à l’incroyable succès de Jumeaux. La série Les Contes de la crypte apparait alors comme la synthèse idéale de ses principales préoccupations, lui qui doit sa notoriété au fantastique (Terminator, Predator), et qui s’ouvre de plus en plus ouvertement au second degré.

Exceptionnel, L’Échange l’est aussi de par la nature de son personnage principal. Pour la première fois, le “héros” de l’épisode est mû par un sentiment noble, en l’occurrence l’amour. Un amour libérateur, vécu comme l’amorce d’un changement dans une existence trop longtemps tournée vers le passé. Au contact de Linda, Carlton se décide à regoûter à la vie, quitte à en perdre tout sens commun. Désireux qu’elle l’aime pour lui et non pour son argent, il ne peut supporter que son apparence de vieillard constitue un frein à son idylle unilatérale. Il voit de l’amour là où il n’y a que de la politesse mâtinée de gêne. Linda n’a que faire du vieil homme et de ses sempiternels bouquets qui remplissent son appartement. A sa proposition de mariage, elle oppose une fin de non recevoir sans équivoque : jamais elle ne pourrait épouser un homme qui a l’âge d’être son grand-père. Peu habitué à ce qu’on lui dise non, Carlton n’est pas du genre à renoncer, quitte pour cela à acheter l’amour de Linda. Car il n’en va pas autrement des multiples et onéreuses opérations qu’il s’impose afin de correspondre à l’idéal masculin de la jeune femme. Sans son immense fortune, il n’aurait pu se maintenir dans l’illusion qu’une romance entre Linda et lui demeure du domaine du possible. Ironie de l’histoire, à mesure qu’il se rapproche de l’idéal de la jeune femme, Carlton s’appauvrit au point de correspondre à l’image du vieillard sans le sou qu’il lui renvoyait lorsqu’il lui faisait la cour. En cela, le récit reste très moral. Toutefois, Carlton s’avère touchant jusque dans sa déchéance, au contraire de Linda qui prolonge la mauvaise image donnée de la gent féminine dans La Prophétie.

Épisode jouant du culte de l’apparence, on comprend qu’Arnold Schwarzenegger, ancien culturiste, ait jeté son dévolu sur cette histoire. Un culte de la beauté qui rejoint celui de la jeunesse, les deux étant intimement liés dans l’esprit de Carlton. Sa quête du physique parfait passe par d’inévitables scènes de laboratoire qui, sur un mode coloré et amusé, renvoie à l’indémodable mythe de Frankenstein. Si la subtilité n’est pas toujours de mise (le chirurgien fou se gavant d’un énorme saucisson au moment d’évoquer le troisième membre inférieur que Carlton ne manquera pas d’ajouter à sa liste de doléances), L’Échange demeure bon enfant, parfois trop. Il aurait par exemple été plus amusant pour nous autres téléspectateurs, et plus cruel pour le personnage, que Carlton soit ramené à son grand âge au moment de consommer son amour, plutôt qu’à la faveur d’une innocente virée à la plage. Mais cela n’aurait, il est vrai, guère sied au romantisme vieille école du riche décati.

Pour sa première réalisation, Arnold Schwarzenegger s’en sort avec les honneurs, privilégiant la sobriété aux expérimentations. Sans non plus compter parmi les grandes réussites de la série, son épisode remplit gentiment son office. Deux ans plus tard, et toujours pour la télévision, l’acteur se fendra d’un Christmas in Connecticut qui sonnera le glas d’une carrière de réalisateur qu’il n’a visiblement envisagée que sous un angle récréatif, ne témoignant pas d’une grande ambition en la matière.

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