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Les Contes de la crypte 1-06 : La Collection – Mary Lambert

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Les Contes de la crypte. Saison 1, épisode 06.
Collection completed. 1989

Origine : États-Unis 
Réalisation : Mary Lambert 
Avec : M.Emmett Walsh, Audra Lindley, Martin Garner.

Après avoir trimé toute sa vie, Jonas (M.Emmett Walsh) a le droit de goûter à une retraite bien méritée. Seulement voilà, il vit très mal son inactivité. D’autant plus mal qu’il ne supporte pas la multitude d’animaux qui gravitent chez lui, recueillis et choyés par son épouse, Anita. Et en dépit des efforts de Roy, son voisin, pour qu’il se trouve un passe-temps, Jonas continue de broyer du noir. Jusqu’au jour où, ô miracle, il jette son dévolu sur une activité particulièrement prenante…

Lorsque Mary Lambert participe aux Contes de la crypte, sa carrière vient de connaître un tournant avec la sortie deux mois plus tôt de Simetierre, adaptation réussie du roman éponyme de Stephen King. A une époque où les films d’horreur se déclinaient plus sûrement sous la forme de franchises (les Freddy, Vendredi 13, Halloween et autres Amityville), son film arriva à point nommé pour rappeler que le genre était toujours capable de dispenser son lot de frissons au mépris de toutes formules, et en omettant sciemment tout second degré. Tout travail récréatif qu’il soit, La Collection entretient une certaine continuité avec Simetierre, notamment dans sa manière d’aborder l’horreur dans sa triste banalité.

Sous ses oripeaux de récit burlesque à la limite du grotesque, cet épisode traite de l’incommunicabilité. Jonas et Anita forment un couple qui au fond n’en forment un qu’aux yeux de l’administration. Issu de la vieille génération, Jonas se tue à la tâche afin d’assurer le gîte et le couvert. A charge pour son épouse d’entretenir la demeure et de lui préparer la pitance. Pour ce que laisse apparaître l’épisode, leurs relations se bornent à quelques formules de politesse dénuées de tout geste tendre. Il n’y a plus vraiment d’amour entre eux, si tant est qu’il y en ait déjà eu, ou en tout cas celui-ci ne se déploie qu’à sens unique. Si Anita demeure au petit soin pour son homme, comme en atteste la fête qu’elle lui organise pour célébrer sa retraite, il en va tout autrement de Jonas. Ce dernier, bougon et irascible, ne rentre à la maison que pour goûter à un repos bienfaiteur, sans un regard pour son épouse. Travailler sans relâche lui permet non seulement d’occuper son esprit, mais également de s’épargner de passer trop de temps au côté de son épouse. A ce titre, l’heure de la retraite sonne pour lui comme le glas d’une vie d’évitements. Désormais assigné à résidence, il n’a plus d’autre choix que de cohabiter. Une difficile cohabitation que Mary Lambert ne se prive pas de décrire à grand renfort de détails burlesques, à l’image du passage matinal savamment chorégraphié dans la salle de bain. Habitués à vivre chacun de leur côté, Anita et Jonas doivent apprendre à vivre ensemble. Une tâche pour le moins ardue, compte tenu de l’entêtement de Jonas, qui de surcroît ne comprend pas l’extrême attachement d’Anita pour tous ces animaux qui grouillent dans la maison. Une véritable arche de Noé. Si l’on rit beaucoup devant leurs déboires conjugaux, force est de reconnaître qu’un malaise de plus en plus tenace commence à s’installer. Quelle tristesse de voir ce couple incapable de communiquer, chacun campant sur ses positions plutôt que d’esquisser un pas vers l’autre. Constamment délaissée, Anita a jeté depuis longtemps son dévolu sur des animaux abandonnés, qu’elle recueille pour leur dispenser tout l’amour qu’elle ne peut partager avec son mari. En retour, elle reçoit toute leur affection, comblant ainsi un profond vide affectif. Anita souffre de n’être jamais regardée par son homme autrement que comme la bonne à tout faire. Jonas désormais au logis à temps plein, elle multiplie les efforts pour s’occuper de lui, desquels les maladresses ne sont pas absentes. Mais au moins essaie t-elle. Quant à Jonas, son visage trahit dès son apparition une contrariété qui ira grandissant. Rester à la maison relève pour lui de la punition. D’autant qu’il peut légitimement se demander s’il est encore chez lui. Il ne peut effectuer un pas sans heurter un quelconque animal, et bave plus souvent qu’à son tour devant leurs repas copieux comparés au sien. Peut-il tolérer d’avoir moins d’égards que ces animaux qui vivent à ses crochets ? Son ressentiment est compréhensible, sa réaction moins. Pour Mary Lambert, le jeu consiste à esquisser par petites touches les étapes successives qui amèneront Jonas à défier le sens commun. Elle s’en acquitte fort bien, jonglant avec dextérité entre humour et méchanceté, jusqu’à un final des plus macabres.

Après deux épisodes plus anecdotiques, la série achève sa première saison sur une bonne note. La Collection s’avère aussi surprenant que parfaitement réussi, démontrant par là même les innombrables possibilités qui s’offrent aux réalisateurs de la série. En l’espace de 6 épisodes, Les Contes de la crypte se sont imposés comme le terreau fertile de toutes les envies, et surtout comme le rendez-vous incontournable des amateurs de fantastique.

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