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Histoires fantastiques 1-24 : Le Fantôme de Charlie – Timothy Hutton

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Amazing Stories. Saison 1, épisode 24
Grandpa’s Ghost. 1986.

Origine : États-Unis
Genre : Fantastique
Réalisation : Timothy Hutton
Avec : Andrew McCarthy, Herta Ware et Ian Wolfe.

En bon petit-fils, Edwin aime à passer du temps en compagnie de ses grands-parents, et surtout avec son grand-père avec lequel il partage de nombreuses activités. Ce dernier, Charlie, est d’ailleurs tout excité à l’idée de l’accompagner voir un match de baseball à San Diego. Une excitation qui lui est fatale puisqu’il décède dans son sommeil la nuit précédant leur départ. Sous le choc, Edwin s’en va annoncer la triste nouvelle à sa grand-mère qui ne semble pas prendre la mesure de l’événement. D’ailleurs, pourquoi le ferait-elle ? Charlie revient comme prévu de sa petite escapade, frais comme un gardon !

Comme pour fermer la parenthèse d’une première saison loin d’être un sommet télévisuel, la série de Steven Spielberg se termine comme elle avait commencé, autour de la figure du grand-père. Alors que Steven Spielberg avait déployé pour Le Train fantôme tout un faste voué à nous faire oublier qu’il était question d’accompagner un vieil homme jusque dans sa dernière demeure, Timothy Hutton, le jeune comédien oscarisé pour Des Gens comme les autres, joue la carte du minimalisme et de la sobriété. Si la mort rôde également dans cet ultime épisode, elle le fait de manière beaucoup moins tape-à-l’œil mais transparaît davantage dans toute son inéluctabilité.

Cet épisode prend place dans un environnement particulièrement austère, que les premiers plans ne font qu’amplifier. L’appartement de Charlie et Helen, les grands-parents d’Edwin, n’est plus qu’un entrepôt de vieux souvenirs fanés entre lesquels ils errent comme deux âmes en peine. Charlie vit même totalement reclus dans son bureau qui prend alors des allures de caveau mortuaire, et dont il ne sort qu’à la faveur des visites de son petit-fils. Lorsque Edwin fait irruption dans leur appartement, Charlie reprend goût à la vie. Ragaillardi par ses visites et les activités qu’elles induisent, il redevient l’homme plein d’allant qu’il a été. Des activités dont se retrouve exclue Helen, mi-heureuse, mi-attristée d’observer son époux à l’espièglerie retrouvée. En sage épouse, elle ne se plaint jamais mais son regard empli de mélancolie au départ de son mari et de son petit-fils vaut toutes les paroles. Elle aussi se morfond d’ennui, sauf que personne ne vient jamais pour la distraire. Davantage que Charlie, elle est le véritable fantôme de l’appartement, elle que l’on imagine ne jamais le quitter pour pouvoir veiller en permanence sur son époux. Et pourtant, Charlie l’aime sa femme, seulement il n’a plus les attentions d’antan. Une attitude qu’il regrette ouvertement devant Edwin, et qui semble a posteriori donner la clé de ce qui va suivre.

On peut diviser les fantômes en différentes castes. Il existe notamment les fantômes vindicatifs qui ne supportent pas que d’autres puissent profiter de l’existence alors que de mauvaises âmes ont sérieusement rogné sur la leur. Un registre dans lequel ont excellé dernièrement les cinéastes asiatiques dans la foulée de Ring. Plus sympathique, on trouve le fantôme redresseur de torts, disposé à protéger ses proches d’une sourde menace. Patrick Swayze dans Ghost en est un bon exemple. Et puis il y a les spectres qui n’apparaissent aux vivants que dans le souci de leur rendre leur brutale solitude moins douloureuse (Truly, Madly, Deeply, le beau film d’Anthony Minghella). Charlie serait de ceux-là, revenant d’entre les morts apporter toute l’attention qu’il aurait dû accorder de son vivant à son épouse. De bien belles intentions de prime abord qui ne sauraient masquer un certain égoïsme de la part du vieux bonhomme. Après tout, agit-il vraiment ainsi pour le bonheur d’Helen, ou seulement pour se donner bonne conscience, ce qui dans son cas équivaudrait à obtenir son entrée au très prisé Paradis ? Timothy Hutton se garde bien de répondre à la question, concluant son récit par une pirouette aussi surprenante que perturbante pour un mauvais esprit comme le mien. Mais je n’en dirais pas plus, histoire de ménager l’effet de surprise pour les plus téméraires d’entre vous. Et du courage, il vous en faudra pour suivre sans bailler cette histoire pour le moins monotone, dont même les directeurs de maisons de retraite ne voudraient pas. Si Timothy Hutton parvient à éviter toute mièvrerie, il ne réussit pas à préserver son épisode d’un ton compassé qui rend sa vision fastidieuse.

Compte tenu des forces en présence et des moyens alloués, le bilan de cette première saison est foncièrement négatif. Même des valeurs sûres comme Joe Dante ou Martin Scorsese n’ont su tirer leur épingle du jeu. Pourtant, en dépit d’un faible taux d’audience et de critiques loin d’être dithyrambiques, Steven Spielberg se lancera dans la production d’une seconde saison, pour laquelle toutefois il s’investira nettement moins, n’en réalisant pas le moindre épisode. De manière générale, et le flop récent de Terra Nova en atteste, les incursions télévisuelles de Steven Spielberg dans le domaine du fantastique finissent toujours dans l’impasse. On ne peut pas gagner sur tous les fronts.

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