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Histoires fantastiques 1-04 : Papa momie – William Dear

histoires-fantastiques-affiche

Amazing Stories. Saison 1, épisode 04
Mummy Daddy. 1985.

Origine : États-Unis
Genre : Fantastique
Réalisation : William Dear
Avec : Tom Harrison, Brion James, Bronson Pinchot, Tracey Walter…

Harold interprète une momie pour les besoins d’un film d’horreur tourné dans les bayous. A l’inconfort de son costume s’ajoute le stress lié à l’accouchement imminent de son épouse. Au terme d’une scène, la nouvelle tombe : sa femme vient de perdre les eaux et se trouve déjà à l’hôpital. Tout à son excitation, Harold monte dans sa voiture pour la rejoindre au plus vite, ne prenant même pas la même d’ôter son costume. Grave erreur. Nourrie du mythe de Ra Amin Ka, une momie hantant les marais, la population apeurée a tôt fait de prendre le pauvre Harold en chasse.

Bien avant son Bigfoot et les Henderson, William Dear a donc déjà eu l’occasion de collaborer avec Steven Spielberg. A cette époque, son travail se limite à la télévision et au marché de la vidéo, Time Rider constituant alors sa seule incartade dans le monde du cinéma. Rompu aux méthodes de travail de la fiction télévisuelle, William Dear apparaît comme le candidat idéal pour intégrer l’équipe des Amazing stories. Et compte tenu du résultat, ce choix s’est avéré payant.
Papa, momie est construit sur le mode du trompe-l’œil. L’entame de l’épisode –une momie errant dans les brumes des marais, prise à partie par une foule vindicative– présente un condensé de ce qui va suivre. A son corps défendant, Harold va lui-même être amené à affronter une vindicte semblable à celle que son personnage subit. Toutefois, là où la momie de fiction s’accommode fort bien de ses bandelettes particulièrement serrées (question d’habitude), l’acteur dans un costume sue sang et eau pour effectuer le moindre mouvement. Dans de telles conditions, fuir à travers les marais s’avère des plus périlleux, à plus forte raison lorsque de facétieux scénaristes vous ménagent moult obstacles. Subitement en rade, le pauvre homme se retrouve à pousser sa voiture jusqu’à la station service la plus proche. Puis il est pris pour cible par des autochtones qu’il a malgré lui effrayés avant d’assister au réveil d’une vraie momie. Et c’est là que l’histoire devient encore plus réjouissante. Alors que l’infortuné Harold attire toute l’attention, subissant mille outrages dont une tentative de lynchage publique, la véritable momie s’ébat en toute tranquillité. Il règne alors dans les marais une effervescence digne de celle qui sévissait dans la forêt de Astérix et les Goths.

Plein d’humour, Papa, momie se veut également un hommage aux œuvres phares de la Universal. Entièrement tourné en studio et nimbé d’une brume artificielle, cet épisode se permet de nombreuses références aux classiques de cet âge d’or du cinéma fantastique, Frankenstein étant le plus ouvertement cité à travers la scène de l’ermite, détournant quelque peu celle de l’original. Pas de doute, William Dear connaît ses classiques. Il sait également nous tenir en haleine, l’histoire se résumant à une course-poursuite nocturne sans temps morts. Certes, sur un épisode d’une vingtaine de minutes l’exploit n’est pas énorme. Néanmoins, il sait parfaitement ménager ses effets, le plaisir ne faiblissant jamais même une fois l’effet de surprise estompé. Précisons que le bougre dispose d’un atout de choix dans sa manche : le concours du spécialiste des effets de maquillage, le réputé Greg Cannom (Dreamscape, Cocoon, le Dracula de Coppola). Géniteur des deux momies, il parvient à surmonter les contraintes inhérentes à leur aspect traditionnel pour les doter d’une personnalité propre qui transparaît au premier coup d’œil. Ainsi, celle campée par Harold bénéficie d’une mobilité faciale plus grande, permettant à son interprète, quoique entravé, de retranscrire toute une gamme d’émotion. De son côté, Ra Amin Ka demeure plus rigide, disposant d’une imperturbable expression haineuse. De fait, si les divers protagonistes de l’épisode ne font jamais la différence, nous autres spectateurs sommes en mesure de la faire, consacrant ainsi l’excellent travail de Greg Cannom, sans lequel la réussite de l’épisode ne serait pas aussi complète.

Venant après le sacrément pénible Messager d’Alamo, Papa, momie est un véritable régal. Alerte, drôle, il se double en outre d’une habile variation sur le thème de la momie, s’offrant le luxe d’en être le meilleur représentant.

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