CinémaHorreur

Zombi Holocaust – Marino Girolami

zombiholocaust

Zombi Holocaust. 1980

Origine : Italie 
Genre : Horreur 
Réalisation : Marino Girolami 
Avec : Ian McCulloch, Alexandra Delli Colli, Sherry Buchanan, Peter O’Neill…

Largement inspiré de L’Enfer des zombies, de Lucio Fulci, sorti l’année précédente, ainsi que du Cannibal Holocaust de Deodato (d’où le titre), Zombi Holocaust (parfois également titré La Terreur des zombies en France, appelation tout aussi passe-partout et explicite que le titre en VO) nous amène donc sur l’île de Kito, en Asie, où vivent des cannibales jamais repus qui vont être dérangés dans leur routine quotidienne par quelques américains de passage. Mais c’est les cannibales qui ont commencé, après tout : ceux-ci n’avaient qu’à surveiller leurs ressortissants, ça aurait évité qu’un infirmier cannibale ne vienne boulotter les cadavres destinés au cours de médecine. Toujours est-il que le mal est fait, et que des scientifiques et des journalistes vont débouler à Kito par excès de curiosité (la police n’a même pas été prévenue : les flics mettent leur nez partout et y’a pas moyen de s’en débarasser, comme nous le dit l’un des personnages), accueillis dans un premier temps par un brave docteur américain expatrié qui se révèlera en fait plutôt méchant, puisqu’il utilise nos braves cannibales comme sujets d’expérimentations pour créer une race supérieure (les zombies).

Les cannibales et les zombies, soit deux des figures horrifiques les plus plébiscitées par le cinéma italien, sont donc réunis dans un même film, pour le plus grand plaisir des amateurs de barbaque. Le combat est alléchant, sauf qu’il n’y aura pas de match : les cannibales prendront dès le début un avantage irratrapable en bouffant bien comme il faut la quasi-intégralité des membres de l’expédition dans des scènes sanguinolentes toutes droit inspirées de Cannibal Holocaust. La tripaille fuse, et le boucher qui a servi d’accessoiriste au film doit encore s’en frotter les mains : son matériel est très utilisé et exposé de façon on ne peut plus complaisante par un Girolami qui ceci dit ne provoque jamais réellement le malaise chez les spectateurs. La faute à des effets spéciaux tout de même trop légers (les tripes achetées chez les boucher jaillissent littéralement de la moindre égratignure faite dans les épouvantails censés remplacer les acteurs) et à des personnages qui, en plus d’être ridiculisés par une version française calamiteuse, se font remarquer par leur conformisme quasi-dogmatique aux stéréotypes du genre. Comprendre qu’à part pour les deux héros (un homme et une blonde pulpeuse), déjà identifiés à New York, tous les autres ne sont que de la viande ambulente destinée aux cannibales. Mention spéciale aux accompagnateurs locaux, des asiatiques bien peu inspirés (ils s’éloignent du groupe, les cons) qui semblent en plus être victimes d’un racisme latent (“Oh beh c’est tout, on verra ça demain”, dit ainsi en substance le héros quand on l’informe en pleine nuit que l’un de ces accompagnateurs a disparu et qu’on vient juste d’entendre un cri au loin). Ca défouraille donc sec pendant une grosse partie du film, la boulimie des cannibales les empêche visiblement de se reposer, et ma foi, c’est plutôt agréable. Il aurait été en effet dommage de ne pas exploiter de si beaux spécimens d’anthropophages : si quelques uns sont typés asiatiques, les autres sont des italiens pur souche qu’on a recouvert de talc histoire de pigmenter un peu leur peau. Ajoutez leur un pagne en peau de léopard, essayez de les mettre le plus possible en arrière-plan, et le tour est joué…

Vient alors la seconde partie du film. Pendant que nos deux héros en sont encore à se débattre entre les pattes pas finaudes des sympathiques adorateurs de Kito débarque un puis deux zombies. Et les cannibales de détaller comme des lapins devant ceux qu’ils considèrent comme leurs Dieux. Des Dieux plutôt mous, numériquement sous-représentés, et qui à vrai dire ne se mettent rien sous la dent de tout le film. Leur maître, le bon docteur ayant accueilli nos héros va donc se manifester, et le film partira alors dans des dérives scientifiques gores, avec des expériences bien saignantes à la Mengele et avec des explications sur les enjeux de l’histoire dont tout le monde se fiche, y compris le scénariste, qui les a sûrement placé là par acquis de conscience. Ca se contredit, ça ne tient pas debout (déjà à la base pourquoi les membres de l’expédition sont venus avec un bateau dont le moteur menaçait de rendre l’âme ?), et, bref, tant qu’à faire, autant être bête jusqu’au bout et en profiter pour désapper une nouvelle fois complètement et gratuitement l’actrice principale, après quelques croustillantes mises en bouche au début du film. Ce qui, via un tour de passe-passe aussi effarant que frustrant, permettra de conclure le film de façon pour le moins abrupte, ce renversement soudain de situation tenant cette fois-ci bien plus de la facilité que de l’errement narratif. Un peu comme si le réalisateur s’était souvenu qu’il ne devait pas excéder les une heure vingt de film et qu’il devait mettre un terme à sa complaisance…
Comment peut-on juger réellement un film à ce point perdu dans sa volonté d’offrir toujours plus de spectacle ? Ce sera au spectateur de juger : l’amateur de bis total ou encore le chercheur de nanars y trouveront sans doute leur compte, tandis que le spectateur lambda un minimum regardant sur la qualité aura cessé d’y croire (voire aura abandonné la vision du film) après le premier quart d’heure…

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