CinémaHorreur

Willard – Daniel Mann

willard

Willard. 1971

Origine : Etats-Unis 
Genre : Thriller 
Réalisation : Daniel Mann 
Avec : Bruce Davison, Ernest Borgnine, Sondra Locke, Elsa Lanchester…

Le pauvre Willard n’a pas la vie facile. Entre une mère possessive, des amis de la famille qui ne le considèrent que comme un gosse, et un patron ayant volé l’entreprise familiale et qui depuis considère son employé Willard comme sa tête de turc, il tout le monde lui mène la vie dure. Aucun ami pour rendre la situation plus vivable. Mais il va s’en trouver avec les rats qui fréquentent le jardin et la cave de sa maison. Une colonie de rongeurs menée par le petit rat blanc Socrate et le gros rat noir Ben, prête à aider Willard dans sa vengeance et dans sa quête d’estime de lui-même.

Doté d’un casting prestigieux, avec Bruce Davison (plus tard dans les deux premiers X-Men) dans le rôle-titre, mais surtout avec le grand Ernest Borgnine dans la peau du patron vachard, avec Elsa Lanchester (La Fiancée de Frankenstein elle-même) dans celui de la mère et avec Sondra Locke (ancienne compagne de Clint Eastwood et partenaire de celui-ci dans six films) en guise d’amie imprévue du héros, Willard n’en est pas moins un film obscur, que seul un remake réalisé en 2003 a permis de re-dévoiler au grand jour. Une injustice ? Pas vraiment. Car en dépit des excellentes performances de ses comédiens (et principalement d’Ernest Borgnine), le film de Daniel Mann, réalisateur qui connut son heure de gloire dans les années 50 avec des films tels que Reviens petite Sheba ou encore La Petite maison de thé (ours d’or à Berlin en 1957), ne repose pas sur un scénario suffisamment fouillé pour lui donner un statut de classique oublié.

Pourtant, ce ne sont pas les idées ni la qualité de leur application qui manquent : le film s’orne d’une subtile dose d’humour noir dans la persécution au quotidien que subit son pauvre protagoniste principal, un jeune homme naïf voire niais avec lequel on a du mal à sympathiser, qui d’un côté (celui de sa mère et des amis de celles-ci) se fait exagérément materner et qui de l’autre doit faire face à un patron méprisant. Après le décès de sa mère, Willard sera même manipulé par tout ce petit monde, qui lui veut officiellement du bien (même le patron), mais qui cherche surtout à faire main basse sur la demeure familiale. Le problème ne vient donc pas de ces louables et fructueuses intentions, mais il vient du fait que le film oublie de passer à autre chose, et notamment aux rats. Ceux-ci interviennent pourtant très tôt dans le film, mais Willard ne se contente pendant longtemps que de jouer avec eux, chose qui donne elle aussi des séquences assez comiques (principalement dues à l’humanité qui caractérise les relations entre Willard et ses amis Socrate et Ben, souvent vus en gros plans pour que l’on puisse connaître leurs têtes), mais qui aura tendance à devenir assez lourde au fil des minutes. Car c’est avec beaucoup de précaution que Willard fera sortir ses amis de la cave, et il faudra attendre trois quart d’heure avant que les rats ne viennent semer la zizanie dans une fête privée. Et à vrai dire, ils ne seront dangereux que lors d’une scène, certainement la meilleure du film, assez cruelle, très bien mise en scène dans un style assez expressionniste. Le côté tragi-comique du film devient enfin un peu plus actif : il était temps, nous étions justement là pour ça.

C’est cette même scène qui fera d’ailleurs basculer le film dans sa dernière ligne droite : après avoir cotoyé les rats, Willard est désormais plus confiant en lui-même, et il se laisse aller à une amourette avec sa collègue. Mais ses amis ne veulent pas être oubliés. Trop concise, cette partie aurait au contraire gagnée à être plus développée, contrebalançant ainsi plus efficacement une première partie qui, plus courte, aurait tourné certainement moins à vide. Ce défaut peut éventuellement être dû au fait que le film soit l’adaptation d’un roman de Gilbert Ralston. Mais il n’empêche que du coup, Willard est une œuvre assez moyenne. Le choix d’un remake fut pour une fois une bonne idée. Son potentiel (financier principalement) fut d’ailleurs deviné par son producteur Bing Crosby (oui oui, l’acteur de comédies musicales) qui mit en chantier dès 1972 une séquelle, Ben, dédiée au gros rat noir, avec moins de vedettes au casting mais avec Michael Jackson en compositeur de la chanson principale.

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