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Tremors 3 : Le Retour – Brent Maddock

tremors3

Tremors 3 : Back to Perfection. 2001

Origine : Etats-Unis
Genre : Horreur badine
Réalisation : Brent Maddock
Avec : Michael Gross, Shawn Christian, Susan Chuang, Tony Genaro…

De retour à Perfection après avoir combattu des graboïdes hurleurs en Argentine, le militaire autoproclamé Burt Gummer (Michael Gross) découvre que le village est désormais gagné par la fièvre des graboïdes. Leurs représentations sont partout, du drugstore tenu par Jodi (Susan Chang) aux attractions pour pigeons de touristes organisées par Jack Sawyer (Shawn Christian). Mais les graboïdes sont de l’histoire ancienne à Perfection. C’est ce que l’on croit. Car en fait, les salopiaux collent Burt à la trace, et ils réservent encore des surprises à une (maigre) population qui ne les voient que comme de fictives vaches à lait.

Après avoir attendu 6 ans entre Tremors et Tremors 2, il faut de nouveau en attendre 5 d’ici au troisième, qui comme son prédécesseur débarque en vidéo sans crier gare. Kevin Bacon avait disparu du désert entre 1990 et 1996, et à l’aube des années 2000, c’est Fred Ward qui a tiré sa révérence, sans toutefois que sa carrière n’ait pu décoller comme celle de son ancien acolyte (on le retrouve par exemple dans le quatrième The Crow, série qui pourtant n’a rien à envier à Tremors à part d’avoir été initiée de façon un peu plus médiatique). Ainsi, les deux personnages principaux du premier film sont partis voguer sous d’autres cieux, ce qui est expliqué dans Tremors 2 pour le premier (il s’est marié et n’est plus prêt à risquer sa peau) et dans Tremors 3 pour le second (il est parti fonder un parc thématique “graboïde” en compagnie de Grady, le départ de ce dernier après un seul film étant salutaire). Ça n’a l’air de rien, mais ces explications s’inscrivent dans une volonté d’entretenir le lien entre chaque film, déjà latente dans Tremors 2 et qui explose dans Tremors 3. Le retour à Perfection est loin d’être anecdotique, et se conçoit un peu comme un mea culpa après avoir délocalisé la première séquelle dans des prairies mexicaines et fait intervenir de façon non négligeable un gars comme Grady, très pâle remplaçant de Val. Tremors 3 prétend faire de la saga quelque chose de convivial, chaque nouvel opus devant faire office de carte postale adressée au spectateur par ses vieilles connaissances de Perfection, Nevada. Comme son prédécesseur S.S. Wilson, le réalisateur Brent Maddock vient d’ailleurs du sérail, ayant avec lui produit et écrit le premier volet ainsi que le second. Quant aux personnages, les scénaristes ont la bonne idée de profiter du départ de Fred Ward pour en finir définitivement avec les tandems.

Ayant déjà pris du galon dans le film précédent, où il sauvait les meubles, Burt devient ici le personnage central, et il est clairement le seul meneur des nouveaux chasseurs de graboïdes, dirigeant une mini-armée de trois personnes : Jodi, Jack et Miguel. Deux d’entre eux sont liés au premier film : Jodi est parente de Walter, le gérant du drugstore tué par les graboïdes (son portrait orne d’ailleurs un des murs), et Miguel est un survivant. La présence de ce dernier est étonnante, tant il passait la première fois pour une victime toute désignée (étant un des moutons du troupeaux derrière Val et Earl), et qu’il n’a ici guère plus d’importance… Mais il est bel et bien là. Il incarne l’esprit rural de Perfection, le vestige du hameau tel qu’il fut avant sa célébrité, apathique mais accueillant. Un tel personnage était nécessaire, alors que Burt lui-même a évolué. Toujours plus autoritaire, toujours beauf, plus militant NRA que jamais, s’organisant autour du bunker dernier cri qui lui sert de maison, il tire le film vers un humour martial qui écrase celui de Jack, personnage qui, si il n’avait pas été “recadré” par Burt, serait certainement devenu aussi envahissant (et saoulant) que le Grady du film précédent. Au niveau humoristique, la diversité de ce petit groupe et surtout de son leader fait sa force. En utilisant un procédé différent de Ron Underwood sur le premier film, Maddock réussit le pari de livrer un film d’horreur humoristique ne virant pas à la franche parodie. Le respect de l’univers de Tremors est total, et même si le film aurait pu se montrer encore un peu plus convivial en jouant davantage sur l’ironie autour du marketing des graboïdes (déclinés en comics, en poupées, en flipper…), et donc des grosses productions auxquelles les Tremors sont fiers de ne pas appartenir. Petite interrogation tout de même : sachant que le film fut conçu dans l’optique de servir de pilote à une série télévisée (qui verra le jour en 2003), on peut se demander si ce choix de renforcer le sentiment de proximité avec les personnages et leur environnement n’est pas un choix intéressé…

Reste maintenant à aborder le sujet principal, allant au-delà des bons états d’esprit : les graboïdes. Après tout, ni Perfection ni aucun de ses habitants, qu’ils soient du coin ou non, n’auraient d’importance sans eux. Le célèbre Burt n’existerait pas et continuerait à regarder ses documentaires historiques une bière à la main. Tremors nous présentait les graboïdes, le péril souterrain. Tremors 2 transformait ces gros vers de terre en “hurleurs” (c’est le nom qu’on leur donne), sortes de petit dinosaures voraces. Tremors 3 continue l’évolution, et passe cette fois-ci dans les airs, non sans avoir évité l’écueil du film précédant, qui démythifiait les graboïdes “simples” en rendant leur suppression trop aisée (d’où le creux qui gâchait une partie du film) afin d’accroître la menace des hurleurs par effet de comparaison. Avant d’en faire des oiseaux baptisés “culs voltigeurs” en raison de l’importance prise par leurs pets inflammables au décollage (ce nom est donné par Jodi, comme le nom de “graboïde” fut donné par son aïeul Walter), Brent Maddock rend leur dignité aux graboïdes originaux, capables à nouveau de tuer. Le début du film est ainsi plus dense que celui de Tremors 2, sans toutefois retrouver le souffle du premier film, qui réussissait la prouesse de créer une situation de siège avec des personnages paumés au milieu d’un désert sans borne. Un exploit que le concept des graboïdes volants ne peut atteindre. A moins d’aller inventer un truc tordu contraignant les personnages à se terrer sous le sol (et encore, car cela s’apparenterait à un siège classique), ce genre de bestioles ne diffère guère des simples hurleurs. L’effet de surprise des graboïdes souterrains et leur faculté de rendre périlleux le moindre mètre carré de terrain disparaît au profit d’attaques en piqué, réservant nettement moins de surprises. Ajoutons à cela que la conception quasi entièrement numérique des “culs voltigeurs” n’est pas du plus bel effet. Ce qui n’empêche pas Tremors 3 d’être comme ses deux prédécesseurs un film au mouvement incessant, sans grand temps morts, loin de la torpeur et du vide sidéral caractérisant les films de monstres en numérique comme ceux de Fred Olen Ray. La preuve : Maddock préfère rire de l’histoire des agents gouvernementaux venus récupérer un spécimen ou celle du promoteur (Melvin, l’ado du premier film) venu dénaturer Perfection que d’en faire des gages de respectabilité sans envergure.

Qualitativement situé entre le premier et le second film, Tremors 3 est une réussite modeste (ça ne visait pas plus haut, de toute façon) mais indéniable. Ça donnerait presque envie de découvrir la série télévisée, dites donc…

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