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Soldier – Paul W.S. Anderson

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Soldier. 1998

Origine : Etats-Unis 
Genre : Science-fiction 
Réalisation : Paul W.S. Anderson 
Avec : Kurt Russell, Connie Nielsen, Jason Scott Lee, Gary Busey…

Dans un futur indéterminé, une armée fasciste sélectionne des bébés à la naissance pour forger une nouvelle armée dont les soldats sont éduqués dès le plus jeune âge dans le strict respect de la discipline. Quarante ans plus tard, les machines à tuer sont devenues obsolètes, destinées à être remplacées par de plus performants troufions génétiquement modifiés. Pour prouver la supériorité des nouvelles recrues, un combat est organisé entre Todd, un soldat “ancienne formule” (Kurt Russell) et Caine 607 (Jason Scott Lee). Effectivement, Todd est laissé pour mort. Sa carcasse est envoyée sur une planète-dépotoir. Une tribu paisible y vit en toute illégalité, et il ne sera pas facile pour eux d’intégrer Todd. A moins bien sûr que l’armée ne vienne faire du ménage sur la planète, auquel cas le soldat désuet pourra peut-être démontrer qu’il n’est pas fini…

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La suite officieuse de Blade Runner“. Voilà comment le scénariste David Webb Peoples décrivait ses objectifs pour Soldier. A moins bien sûr que le réalisateur Paul W.S. Anderson n’ait mis ses grosses pattes sales dans le scénario, ce qui reste fort possible, cette déclaration semble avoir été faite par un homme désireux de faire fructifier son plus haut fait d’armes à ce jour. Parce que si il est vrai que Soldier est bourré de clins d’œil au film de Ridley Scott, principalement à travers des noms ou des vaisseaux repris à l’identique, il ressemble infiniment plus à un sous-Mad Max 2 débarquant dans de lourds sabots achetés 75 000 000 de dollars (!) avec presque vingt années de retard. Todd, alias Kurt Russell en pleine décadence (et ce n’est rien comparé à Gary Busey, réduit au petit rôle de son supérieur), incarne le meilleurs des soldats réduits dès la naissance au rang de machines de guerre. Il leur est interdit de parler autrement que pour répondre aux ordres de leurs supérieurs hiérarchiques, un haut-parleur leur a inlassablement répété qu’un soldat ne montrait pas de pitié et leurs exercices avaient de quoi scandaliser dans les chaumières (pensez donc que les mannequins des exercices de tir représentent une femme et son bébé !). Paul Anderson ne recule devant aucune énormité, jugeant certainement que son public ne doit pas être assez intelligent pour comprendre qu’une telle éducation n’amène rien de bon. Les idées présentes dans Soldier cherchent à enfoncer des portes ouvertes à coup de massues : le fascisme c’est le mal, le militarisme à outrance est dangereux et rien ne remplace une vraie solidarité… Le film passe par toutes les étapes imposées, prévisibles dès que le spectateur prend connaissance de l’histoire. Et c’est donc parti pour le côté Mad Max 2, avec cet homme brutal qui apprend à vivre au contact d’une gentille société basée sur la non-violence. Au mépris total de toute forme d’imagination, le film nous montre donc Todd se sentir tout chose devant une belle jeune femme ou encore se retrouver comme deux ronds de flan lorsqu’un gamin se met à le suivre. L’évolution qui s’ensuit est archi-connue : une histoire d’amour platonique qui se forge dans la différence de deux individus, une humanisation par le biais d’un enfant innocent, donc totalement à l’opposé du soldat qu’est Todd, rejet puis rapprochement avec la communauté via un prétexte ici plutôt miteux… Non seulement Anderson base son film sur des éléments devenus clichés, mais, plus grave encore, il faut qu’il cherche à susciter l’émotion par des moyens grotesques, faisant tout son possible pour que la communauté apparaisse comme une assemblée de braves gens faisant contre mauvaise fortune bon cœur, voire même comme une tribu de hobbits sortis de Tolkien si l’on en juge à cette fête locale à base de danses folkloriques. Todd est en fait dans le village des Schtroumpfs, là où tout le monde est gentil (même le mari qui observe en silence l’attention que porte sa femme au nouveau venu). Il n’est pas peu dire qu’entre les chefs militaires vraiment trop méchants et les civils pauvres vraiment trop humains, le spectateur sent qu’on le prend vraiment pour une buse. Le seul échappatoire à ce manichéisme forcené réside dans le personnage de Gary Busey, instructeur et protecteur des militaires ancienne génération qui tente vaille que vaille de prouver que ses hommes sont plus fiables que ceux de son supérieur, avec leur génétique bidouillée. Anderson tente d’attiser la sympathie pour ce gradé qui ne l’oublions pas n’a fait que cautionner l’embrigadement de jeunes enfants… Que ses successeurs soient pires que lui ne devrait rien arranger. Et pourtant, Anderson semble penser que si, contredisant tout à fait la condamnation étalée avec force insistance dans l’entame du film. Aaaah, les joies du fantastique des années 90 ! Toujours prompt à élaborer un discours humaniste compréhensible par tous (à partir de 3 ans), mais encore plus prompt à sombrer corps et âme dans l’imbécilité dès que la situation se présente. Ce qu’il y a de réconfortant, avec Paul Anderson, c’est que si le public est clairement pris pour un idiot, le réalisateur et ses collaborateurs se fixent au même niveau. Ainsi, le spectateur ne se sentira pas pris de haut. Ce qui confère à Soldier une certaine humilité que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs, dans des films plus ambitieux.

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Du reste, Soldier a tout de la série B foireuse, bien que son budget soit fort conséquent. Cela va de l’aspect général du film, avec cette hideuse teinte brun orangé, à ses séances de combats, consternantes de facilité. Non content de ne pas savoir les mêler à son propos “humanitariste” (le film est cloisonné par trois parties distinctes : mise en contexte, recentrage sur la nouvelle vie de Todd et grosses bastons), Anderson se sent obligé de se montrer au moins aussi grossier dans les scènes d’actions qu’il ne le fut dans la caractérisation de ses personnages et de leurs relations. Il faut tout de même se rendre compte que malgré l’aspect beauf unanimement reconnu d’un personnage comme le Rambo de Rambo III, Anderson nous montre sans sourciller que son héros peut parvenir à se débarrasser seul de 17 soldats d’élite, faisant croire à l’ennemi qu’il a affaire à toute une armée rebelle, avant de prendre sa revanche sur le nullard d’officier bureaucrate qui l’avait condamné (avec une insistance bien lourde sur son caractère pleutre et méchant) ! Bien sûr, les plans iconiques ne manquent pas (Todd sur fond de flammes, façon “revenu de l’enfer”, ralentis…), au contraire de la dérision, totalement absente. A trop vouloir essayer d’établir une atmosphère proche de Blade Runner, vaguement mélancolique, le film ne laisse aucune place pour l’humour au milieu de ses énormités. A cause de cela, le pauvre Kurt Russell déjà peu inspiré devient de plus en plus ridicule au fur et à mesure que son personnage se laisse gagner par les émotions. Difficile de le prendre en pitié ou de ressentir quoi que ce soit pour lui. Tout au plus peut-on éprouver de la gêne pour l’acteur qui fut Snake Plissken. Todd n’est ni Max Rockatansky ni même le Terminator incarné par Schwarzenegger dans Terminator 2. Et il n’est surtout pas un nouveau Roy Batty, l’androïde de Blade Runner dont le combat avec Rick Deckard avait tout de même un peu plus de classe que celui qui oppose Todd à Caine 607, le nouveau soldat qui l’avait laissé pour mort au début du film. Bref, Soldier est un navet sidéral sidérant.

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3 réflexions sur “Soldier – Paul W.S. Anderson

  • Personnellement, la caractérisation des personnages est du même niveau que celle de la trilogie du Seigneur des anneaux, lui reprocher cela c’est aussi reprocher la même chose à Peter Jackson et pourtant il a eu trois oscars avec son Retour du roi qui avait l’air de ne jamais se terminer.

    Petit anecdocte Kurt Russell s’est pété la cheville au début du tournage, donc pour les scènes d’actions on a du raboter, d’où la grande scéne de fin. Pour le visuel brun orangé, je te recommande Blade Runner 2049 avec Ryan Gosling, on a le même, mais je pense pas que cela dérange. Par contre le film est super chiant.

    J’ai bien aimé le film, c’est un peu mou avec les scènes dans la communauté, mais je pense que le pied de Russell y est pour quelque chose, niveau mobilité ça aide de rester assis. Le film a bidé, et avec Event Horizon ça fait un de trop, heureusement que Resident Evil était là pour relancer la carrière de Paul Anderson comme quoi….j’espère que ce film sera réhabilité et mieux connu, mais j’y crois pas trop. Je comprend pas l’hostilité qu’il engendre, il fait du divertissement et il le fait bien, il est compétent dans son travail par contre c’est vrai que ses scénarios, c’est pas du David Mamet mais on lui a demandé de faire des films où on réflechit pas, où est le mal ?

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  • Pour avoir subi récemment Monster Hunter, je te répondrai que le mal tient à l’incapacité de Paul W.S. Anderson d’assurer dans le domaine du divertissement. Multiplier les scènes d’action ne peut être une fin en soi. Il faut au minimum qu’on croit aux personnages, ou tout du moins qu’on ressente un quelconque intérêt pour ce qu’ils affrontent.

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  • J’ai eu aucun problème avec les personnages, je comprenais leurs motivations à vouloir survivre, il s’agissait au personnage de Milla de retourner dans son monde et à celui de Tony Jaa de faire pareil avec les siens. Donc j’etais pris dans l’interet des scénes d’action, à savoir en finir avec le monstre qui les empeche de traverser le désert. J’ai bien aimé le film, et ce reproche je le ferais au personnages des films de Michael Bay comme Transformers.

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