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Repo Man – Alex Cox

repo-man-affiche

Repo Man. 1984

Origine : États-Unis
Genre : Fouillis pseudo-culte
Réalisation : Alex Cox
Avec : Emilio Estevez, Harry Dean Stanton, Olivia Barash, Vonetta McGee…

Otto (Emilio Estevez) est un zonard. En rupture d’école et d’autorité, il se rapproche brièvement du mouvement punk avant d’embrasser la cause des « repo men », ces types chargés de récupérer les voitures dont les traites restent impayées. Aux côtés de Bud (Harry Dean Stanton), il apprend les ficelles du métier et découvre une vie aventureuse qui lui plaît beaucoup. Au même moment, une Chevrolet de 1964 au contenu aussi surnaturel que mortel attise les convoitises. Les « repo men », des agents gouvernementaux, des adorateurs d’Ovni et des gangsters, tous souhaitent se l’approprier pour diverses raisons. Bien malgré lui, Otto se retrouve embarqué dans cette quête folle à la frontière de l’irrationnel.

Alex Cox connaît bien la profession de “repo man” pour l’avoir un temps exercée. Pour son premier film, il choisit de s’appuyer sur son expérience professionnelle afin de nourrir une intrigue qui ne craint pas de flirter avec la science-fiction. Il est donc fort probable que le personnage de Otto entretienne quelques similitudes avec le réalisateur, même si l’aspect autobiographique du récit n’est absolument pas sa préoccupation principale. Tout du long, on sent plutôt de sa part une volonté de sortir des sentiers battus en réalisant un film inclassable, quitte à se perdre en route. A l’instar de son personnage principal, Alex Cox donne l’impression d’avancer au jugé, sans plan préétabli. Il en ressort une certaine confusion, due également à la profusion de personnages qui gravitent autour de la fameuse Chevrolet. Une voiture qui joue un rôle identique à la boîte mystérieuse de En quatrième vitesse, l’excellent polar de Robert Aldrich auquel Repo Man rend un hommage évident. Cependant, Alex Cox ne laisse aucune place à l’imagination. La première scène se charge d’illustrer la dangerosité du contenu du coffre, avant qu’une autre scène vienne à nous en révéler la nature. Ainsi, cette Chevrolet Malibu n’est plus l’obsession des spectateurs, mais des seuls personnages, ces derniers ayant chacun une bonne raison de se l’approprier, à l’exception de Otto.

Otto, justement, incarne cette jeune génération qui ne sait pas dans quelle direction orienter sa vie. A 18 ans, il a laissé tomber les études et enchaîne les petits boulots sans grande conviction. Il n’a qu’une seule certitude, son refus de toute autorité. Il ne veut pas d’une existence placée sous le signe de la subordination. Dès lors, le mouvement punk représente en apparence ce qui lui correspond le mieux, une révolte permanente contre l’ordre social établi et une sensation de liberté infinie. Mais il s’avère très vite que Otto ne croit en rien, affrontant la vie avec désinvolture et toute l’insouciance de sa jeunesse. En fait, il n’a aucune raison valable de se révolter, ce qu’il ne manque pas de faire remarquer à l’un de ses copains qui multiplient les délits en cultivant une posture punk. Cela donne l’occasion au réalisateur de se moquer de cette tendance à incriminer la société pour justifier les actes délictueux que certains commettent. D’autant plus que ce même personnage, quelques minutes avant sa mort, parlait à sa copine de se poser avec elle, de mener une vie de couple classique avec enfants à la clé. Au détour de cette scène, Alex Cox met en avant l’impasse dans laquelle se dirige cette génération en adoptant une attitude nihiliste qui peut les mener à l’autodestruction, tout en nous en dévoilant l’aspect factice. Il approfondira d’ailleurs son propos à l’occasion de son second film Sid et Nancy, qui revient sur la passion tumultueuse du bassiste des Sex Pistols avec l’une de ses groupies.

Repo Man s’apparente en quelque sorte à un brouillon dans lequel Alex Cox injecte un peu de lui tout en dressant déjà le portrait d’une jeunesse déboussolée qui tente de trouver son salut dans la marginalité. Le tout au sein d’un film qui se veut totalement décomplexé. Problème, à multiplier les personnages sans qu’aucun ne se distingue vraiment (Otto au premier chef, pas aidé par la fadeur de Emilio Estevez qui a décidément bien du mal à porter seul un film sur ses épaules) et les péripéties, Alex Cox donne à son film les allures d’un gros fourre-tout sans saveur. Jamais drôle, ni palpitant et encore moins intrigant, Repo Man déploie beaucoup d’énergie pour rien. Quant à l’argument science fictionnel, il ne semble intervenir que pour accroître le côté déjanté du film tout en renvoyant à la théorie du complot si chère aux américains dès qu’il est question d’extraterrestres.

Le qualificatif “culte” est souvent associé à Repo Man, couronnant en un sens les efforts de son auteur. Nullement gage de qualité, ce terme démontre néanmoins une certaine forme de reconnaissance pour un film qui se voudrait punk dans l’esprit, mais qui n’en a pas l’énergie dévastatrice.

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