CinémaDrame

Melodie pour un tueur – James Toback

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Fingers. 1978

Origine : Etats-Unis
Genre : Drame mélodieux
Réalisation : James Toback
Avec : Harvey Keitel, Tisa Farrow, Jim Brown, Tanya (beau maillot de bain) Roberts…

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Le cinéma actuel souffre d’un mal profond, le remake. Il s’agit d’une maladie très grave qui à terme annihile toute les facultés créatrices du patient. Ainsi, nous assistons à un déferlement de titres remis au goût du jour par des réalisateurs dénués du moindre scrupule, et le plus souvent, bien moins talentueux que leurs aînés. Heureusement, certains disposent d’un système immunitaire suffisamment efficace qui leur permet de passer outre ces symptômes pour nous pondre des variations d’une même histoire hautement estimables. C’est le cas de Jacques Audiard qui avec De battre mon cœur s’est arrêté, a abouti à un résultat supérieur au film original. En outre, le succès de son film a permis l’édition en dvd de son modèle, Mélodie pour un tueur. Un film non moins intéressant que son rejeton, mais moins réussi sur un plan formel (étrange présence de faux raccords, notamment).

Jimmy Angelelli rêve de devenir pianiste professionnel. Passionné de musique, il développe un talent certain pour le piano, suivant en cela les traces de sa maman. Il a réussi à obtenir une audition auprès de l’ancien impresario de celle-ci et il bout d’impatience à l’idée de la passer. Pour tromper l’ennui, il accepte de jouer les percepteurs au profit de son père, et tente d’entamer une liaison avec la distante Carol.

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Pour sa première réalisation, James Toback nous invite à suivre un personnage bien peu sympathique. Jimmy vit en quasi reclus dans son appartement, où il rejoue inlassablement la Tocata en mi mineur de Jean Sébastien Bach. Il instaure en permanence un mur entre le monde et lui, un mur sonore émanant du radio-cassette dont il ne se sépare jamais. La musique lui sert à la fois d’échappatoire et de carapace. A plus de 30 ans, il souffre de ne pas s’être encore accompli. Son audition relève de l’ultime main tendue par le destin pour le faire sortir de son marasme quotidien. Il aimerait tant pouvoir vivre de son art, pour lui mais aussi pour que sa mère, que nous devinons elle-même grande pianiste, soit fière de lui. Néanmoins, il entretient peu de relations avec cette dernière. Celle-ci vit dans une maison de repos et ne voit plus grand monde. Par contre, Jimmy mange régulièrement avec son père, un mystérieux bonhomme fort en gueule. Nous ignorons de quoi vit ce dernier. Pourtant, il dispose de suffisamment de liquidités pour en faire profiter tout à chacun. Il peine seulement à percevoir ses remboursements, ne disposant pas d’hommes de main pour faire les réclamations à sa place. C’est donc à son fils qu’il demande de l’aide. Ce dernier s’exécute, toujours en quête de reconnaissance de la part de sa famille. Toute la vie de Jimmy est régie par cette soif de reconnaissance. Sauf qu’à force de se murer dans son monde, il devient de plus en plus mal à l’aise lorsqu’il lui faut agir en public. A ce titre, son audition tourne au fiasco puisqu’il se montre incapable de jouer devant quelqu’un qui l’observe. En à peine cinq minutes, ce sont tous ses rêves qui s’effondrent. Il ne deviendra pas un pianiste célèbre, et ne lira donc jamais de la fierté dans les yeux de sa mère.

Et sur le plan amoureux, les choses ne vont guère mieux. Quoique le terme est un peu fort, Jimmy étant pour le moins handicapé sur le plan affectif. Il s’accroche néanmoins à une étrange jeune femme, Carol, qui dès leur première rencontre l’invite chez elle. Jimmy use avec elle d’un mélange de forfanterie et de culot qui l’amène à se prendre une veste. Pourtant, il ne renonce pas à elle, la poursuivant de ses assiduités. Qu’il apprenne qu’elle gagne sa vie en tant que prostituée ne suffit pas à lui faire rebrousser chemin. Il s’entête car il désire qu’elle ait envie de lui. Il cherche désespérément auprès d’elle l’amour que ses parents lui refusent. Maladroit, il le provoque plus qu’il ne le suscite. Les désillusions sont au bout du chemin.

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Histoire d’une profonde solitude, Mélodie pour un tueur se double d’une plongée dans les milieux interlopes de la ville de New York. Dans sa quête perpétuelle d’amour, Jimmy en vient à fréquenter les boîtes à partouzes à la suite de Carol, ou à toucher de l’argent sale pour son père. Harvey Keitel n’est jamais aussi bon que lorsqu’il interprète les rôles d’écorchés. A la fois survolté, violent et un peu paumé, il confère au personnage de Jimmy tout son sens tragique. Malgré tous ses efforts, Jimmy termine encore plus seul qu’il ne l’était au début. Totalement détruit, même la musique, son oasis, peinera à lui redonner le goût de la vie. L’espoir n’a décidément pas sa place dans son existence.

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