CinémaComédie

Maintenant on l’appelle Plata – Giuseppe Colizzi

maintenantonlappelleplata

Più forte, ragazzi !. 1972

Origine : Italie
Genre : Comédie
Réalisation : Giuseppe Colizzi
Avec : Terence Hill, Bud Spencer, Reinhard Kolldehoff, Michel Antoine…

Salud et Plata (Bud Spencer et Terence Hill) se font un peu d’argent en simulant des crashs aériens pour le compte d’un ami, qui récupère ainsi l’argent des assurances. Au cours d’une mission, leur avion s’écrase vraiment en pleine jungle dans un pays sud-américain. Ils trouvent tout de même un village, où ils sympathisent avec certains habitants, dont un vieux fou propriétaire d’une mine de diamants, et où ils se heurtent aux hommes d’un certain Monsieur Oreilles, homme d’affaire crapuleux qui tient tout particulièrement à son monopole commercial dans le coin, qui lui permet d’écouler ses denrées à hauts prix. D’une nature toujours taquine, Salud et Plata décident d’acheter et de retaper un vieux coucou en ruines et de se lancer eux aussi dans les affaires. Leur générosité leur vaut bien entendu les foudres de Monsieur Oreilles (nommé ainsi car il est sourd comme un pot).

Pour leur première association en dehors du western, Terence Hill et Bud Spencer ne sont pas dépaysés. Maintenant on l’appelle Plata est produit par le producteur des deux Trinita et réalisé par le réalisateur qui les avait pour la première fois associé en haut de l’affiche, dans la trilogie “Cat Stevens / Hutch Bessy”. Il y avait donc fort peu de chances pour que leur tandem se mette à innover, et effectivement on retrouve l’habituelle association entre le petit futé et le gros teigneux. Toujours le plus malin des deux, Terence Hill alias Plata réussit systématiquement à entraîner son camarade contre son gré dans des situations aventureuses, en ayant ici recours à divers subterfuges qui ont le mérite de se renouveler. On trouve donc pêle-mêle la tricherie aux jeux de hasard, les manipulations verbales reposant sur l’esprit de contradiction primaire de Bud / Salud ainsi qu’une longue et relativement amusante provocation s’apparentant à une séance de tauromachie qui conduit Salud à travers le désert, poursuivi par une meute de flics, pendant que Plata lui-même le nargue en avion dans une scène fortement inspirée de La Mort aux trousses. A dire vrai, cette scène est même le climax du film… Il serait pourtant un peu précipité que de dire que le comique « spirituel » incombe à Terence Hill et que le comique gestuel repose sur les larges épaules de Bud Spencer. Bien qu’il s’agisse de l’aspect dominant, on peut également trouver de la comédie dans les gestes du blondinet (notamment dans ses bagarres faites de baffes et de malice) ou dans les paroles du gros barbu (bien que là encore l’humour se fasse à son détriment). On trouve aussi de l’humour -ou plus exactement de la légèreté, car Colizzi n’insiste pas trop- chez les autres personnages principaux, que ce soit l’associé du début -qui sort très vite de l’intrigue-, le vieux fou, le méchant sourd ou autres hommes de mains ratés.

En sortant du far west pour entrer dans l’aventure tropicale, le tandem Hill / Spencer ne perd pas de vue l’impression de totale liberté que lui procuraient les grands espaces désertiques et les communautés réduites. Il trouve à peu près la même chose en Amazonie, la jungle remplaçant le désert (sauf à la fin, où la sécheresse est de retour). S’y trouvent aussi quelques faibles à protéger d’une bande de méchants échappés du cirque (ils n’auront pas volé les baffes qu’ils recevront) ainsi que quelques gardiens de l’ordre corrompus (histoire tout de même de rappeler que les deux acolytes blagueurs sont des hors-la-loi). Soit les personnages loufoques habituels, dans un cadre habituel propice aux deux Robin des bois modernes, défenseurs des petites gens sympathiques et pourfendeurs des petites frappes. Le scénario est aussi relâché que dans les Trinita et ne consiste en fait qu’à offrir des vacances aux deux amis, bien que Salud cherche à jouer les gros durs en faisant mine de ne penser qu’à l’argent. Mais personne n’est dupe : dans le fond, il aime se faire mener par le bout du nez par son ami Plata, et il est nettement moins porté sur l’escroquerie qu’il ne le laisse paraître. C’est d’ailleurs l’une des rares innovations du film de Colizzi : Bud Spencer n’est pas aussi monolithique qu’à l’accoutumée, se permettant quelques rires ou sourires le sortant brièvement de son image d’ours mal léché, déjà écornée par l’appellation de « tonton » qui lui est donnée par des enfants au moment de son arrivée en Amérique du sud. Maintenant on l’appelle Plata contient même quelques scènes à sentiments, par exemple lorsque les deux compères perdent l’un de leurs amis ou qu’ils expriment ouvertement l’affection qu’ils se portent réciproquement. Ainsi quand l’un se fait passer pour mort, l’autre réagit par la panique. Des petites blagues récurrentes qui se terminent en bagarres, mais qui auront laissé voir l’amitié qui unit Plata et Salud, ces deux grands enfants prenant la jungle pour une colonie de vacances, image que Colizzi fait plus qu’évoquer puisqu’outre les plans larges sur les paysages exotiques (le fait que les deux héros soient pilotes d’avion permet d’en insérer pas mal) il glisse aussi quelques scènes de danses sur fond de musiques à tendance zouk. Pour un peu et le film serait l’équivalent au cinéma de ce que la « Lambada » ou autres « Soca Dance » furent à la musique : le tube de l’été. Un créneau qui s’affirmera dans les prochaines associations Bud et Terence.

Tout de même, il convient de signaler que cette recette dont les germes se trouvaient déjà dans les Trinita n’est pas encore tout à fait au point. Tous les ingrédients y sont, mais le dosage reste hasardeux. Maintenant on l’appelle Plata souffre de sa trop grande propension à la légèreté et sa bonne humeur se fait justement un peu trop « relax ». Les gags auraient gagné à être un peu plus marqués, un peu plus fantaisistes, bref un peu plus « cartoon ». La bonhommie des deux acteurs vedettes se serait montrée plus communicative, et leur comédie bon enfant aurait alors été bien plus dynamique. En montrant des facettes plus humaines, plus réalistes, Colizzi se prive d’une bonne dose de folie et son film ne propose que le minimum de ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un film « Bud et Terence ». C’est déjà ça, mais peut largement mieux faire, comme le prouvera la suite de leur carrière parallèle.

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