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Maciste contre les monstres – Guido Malatesta

macistecontremonstres

Maciste contro i mostri. 1962

Origine : Italie 
Genre : Peplum fantastique 
Réalisation : Guido Malatesta 
Avec : Reg Lewis, Luciano Marin, Andrea Aureli, Margaret Lee…

Fuyant la glaciation, une tribu vénérant le dieu Soleil s’établit dans une vallée à proximité d’un lac. Peu de temps après, une autre tribu débarque, éteint le feu sacré, tue le chef de clan et enlève toutes les femmes, y compris celle d’Aidar (Luciano Marin), le nouveau chef. Celui-ci décide de répliquer et demande pour cela l’aide de Maciste (Reg Lewis), par lequel il avait déjà été sauvé des griffes d’un monstre marin. Le plan est que Maciste réussisse à s’infiltrer dans les cavernes où vivent les vilains adorateurs de la Lune et ouvre la porte d’entrée aux hommes de Aidar lorsque la prochaine nuit sera tombée. Entre temps, il en profite pour faire la connaissance de Moah (Margaret Lee), compagne contre son gré du tyrannique Fuwan (Andrea Aureli) qui l’informe que les femmes enlevées seront sacrifiées à la prochaine Lune.

Maciste contre les monstres, c’est beaucoup dire. Les quatre monstres, tous des sauriens (trois en caoutchouc très mal animés et un véritable lézard en gros plan) n’occasionnent que trois combats dont le plus spectaculaire fut déjà le support du générique de début, ce qui est peut être imputable à la seule copie française. Et si ce n’est pour celle permettant à Aidar de rencontrer Maciste (le monstre y jouant donc un rôle secondaire), ces quelques oppositions de quelques secondes terminées à coups de lance n’ont vraiment aucune utilité autre que celle de rajouter une scène d’action à un film qui en est généreusement pourvu. Des scènes souvent assez répétitives, alternant plans d’ensemble sur les combats et plans resserrés sur deux combattants importants. La structure du film est limpide : une première attaque, une contre-attaque et une revanche lors de laquelle la tribu de la Lune fait appel à une tribu de nécrophages montagnards dont l’apport reste là encore un mystère puisque le surnombre n’entraîne rien de particulier, et surtout pas un changement dans la manière dont les scènes d’action sont traitées. Dans sa quête pour la lisibilité, Guido Malatesta a recours à la symbolique des couleurs : vêtements en peaux de bêtes blanches pour les gentils, peaux de bêtes noires pour les méchants. Et casque cornu pour les nécrophages ! La même simplicité est de mise pour les caractéristiques morales propres à chaque tribu : celle du Soleil aime la chaleur, vit dans un lieu verdoyant, respecte les femmes, possède le sens de l’honneur et n’aspire qu’à une vie simple. Celle de la Lune est tout l’inverse : ce sont des barbares régis par un tyran, ils vivent dans des cavernes (en carton pâte, éclairées avec fort peu de finesse par des couleurs chaudes), pratiquent le meurtre, le viol, la torture, le mensonge… Une belle brochette de salauds, sauf Moah, dont les parents autrefois souverains furent assassinés sans vergogne par l’odieux Fuwan.

Peplum plus préhistorique qu’antique, Maciste contre les monstres est conformiste de bout en bout. Son histoire de tribus est en fait une histoire d’égos dans laquelle ne comptent que les gros bras et les têtes pensantes, le reste des tribus ne servant que de figurants pour les batailles, à tel point que cela en devient surprenant. Que Fuwan ne se soucie pas de ses morts, passe encore, mais voir qu’une femme du Soleil est décapitée (une vieille, en plus) et une autre plongée dans un abîme sans que cela n’émeuve le moins du monde le soit-disant généreux Aidar est quelque chose de plutôt paradoxal pour un film voulant jouer à plein l’héroïsme manichéen. Ayons au passage une petite pensée pour ces deux amants plébéiens qui meurent côte à côté dans l’indifférence générale (un miracle que quelqu’un ne leur ait pas marché dessus). L’héroïsme n’est pas seulement discutable : il est aussi cousu de fil blanc. Et c’est là que Maciste intervient : demi-dieu surpuissant, il est capable de résoudre les pires difficultés en deux coups de cuillère à pot. Le feu sacré est éteint, toute la tribu pleure ? Il prend les silex ! Des monstres sur sa route ? Un coup de lance et on en parle plus. Il se retrouve enseveli sous une mêlée de méchants ? Il n’a qu’à lever les bras pour tous les envoyer à dix mètres. Il est pris en charge par plusieurs ennemis ? Il n’y à qu’à arracher le fronton du temple et leur balancer. Et quand il n’y a pas de temple à l’horizon, un tronc d’arbre fait l’affaire… Malatesta pousse la facilité jusqu’à avoir recours aux fameuses interventions divines, peut-être les résolutions les plus faciles qu’ait jamais engendré le cinéma. Ainsi la copine d’Aidar va se faire décapiter, elle a la tête sur le billot, le bourreau a levé sa lame quand soudain… éclipse lunaire ! La tribu de Fuwan est en panique, la jeune femme s’échappe. Il n’est pas surprenant que Maciste contre les monstres regorge de scènes d’action : celles-ci doivent durer en moyenne à peine trente secondes, et Malatesta ne se souciant guère de réalisme, il les enchaîne sans se demander si tout ceci n’est pas un peu trop gros. Malgré tout, comme dans pratiquement tous les péplums italiens, le ton se veut sérieux, propice à faire revivre les aventures grandioses des anciens temps. Et c’est à cette fin que le réalisateur cherche à placer quelques instants d’émotion, le plus souvent au sein même d’une scène d’action. Ce qui compte tenu de la nature de ces dernières prête souvent à rire. A ce niveau, la scène la plus incroyable est sans nul doute la déclaration d’amour entre Maciste et Moah, alors que les deux se retrouvent enterrés jusqu’au menton et que les hommes de Fuwan leur lancent des javelots dessus (scène qui se termine par une autre intervention divine)…

A la mode depuis une dizaine d’années, le péplum tendait en 1962 à essayer de se renouveler. Guido Malatesta essaye ici la fuite en avant, exagérant tous les clichés du genre. Sans être un échec total (au moins le film amuse), Maciste contre les monstres n’est pas très convaincant. Son acteur principal, Reg Lewis, un nouveau venu, ne convaincra pas grand monde non plus et s’en retournera aux Etats-Unis pour rajouter deux autres films à son CV (dont un avec Tony Curtis et Claudia Cardinale, tout de même). En revanche la débutante Margaret Lee connaîtra une belle carrière, traversant les modes italiennes jusqu’au début des années 80.

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