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Les Goonies – Richard Donner

goonies

The Goonies. 1985.

Origine : États-Unis 
Genre : Aventures enfantines 
Réalisation : Richard Donner 
Avec : Sean Astin, Josh Brolin, Corey Feldman, Kerry Green…

Alors que leur quartier est voué à disparaître pour laisser place à un terrain de golf, les goonies (nom issu de leur quartier des Goon docks) tentent d’occuper leurs derniers moments ensemble en farfouillant dans le grenier de Mikey, leur leader. Au milieu d’un bric-à-brac tournant essentiellement autour du thème de la piraterie, ils découvrent une carte au trésor censée les guider jusqu’à la fortune amassée par le sanguinaire Willy le borgne. Voyant là l’ultime moyen de trouver l’argent nécessaire pour enrayer le terrassement de leurs maisons, Mikey parvient à convaincre ses amis Bagout (Mouth en version française), Data et Choco (Chunk) de partir à sa recherche. Rejoints par Brand, le frère aîné de Mikey, et deux de ses amies, Andy et Stef, les Goonies affronteront de nombreuses embûches avant de parvenir à leurs fins, dont l’inattendue et menaçante présence des Fratelli, fratrie de bandits recherchés par la police et de leur redoutable maman.

Durant les années 80, Steven Spielberg n’avait pas forcément besoin de passer à la réalisation pour marquer la décennie de son empreinte. Ainsi, 1985 fut incontestablement l’année Steven Spielberg (avec un léger empiètement sur l’année 1986 en France) avec pas moins de trois productions pour autant de souvenirs impérissables pour plusieurs générations. Dans l’ordre des sorties, Retour vers le futur, Les Goonies et Le Secret de la pyramide revêtent des allures de tiercé gagnant qui, au moins pour les films signés Robert Zemeckis et Barry Levinson ont su affronter les affres du temps sans prendre une ride. Autrement dit, l’enfant que j’étais apprécie toujours autant lesdits films une fois parvenu à l’âge adulte, voire même davantage. Le cas des Goonies est différent. A l’époque, il s’agissait de MON film de Noël dont je ne ratais pour rien au monde les fréquentes rediffusions. Je demeurais fasciné par cette bande d’aventuriers intrépides à laquelle j’aurais volontiers fait partie. Et c’est sans doute sur ce point que le bât blesse. Les Goonies s’adresse davantage aux enfants qu’à un public élargi, en dépit des références éparses qui parcourent le film, propices à la stimulation de notre cinéphilie.

On retrouve dans Les Goonies bon nombre d’éléments inhérents à l’univers de Steven Spielberg, à commencer par son héros et sa bande d’amis aussi atypiques qu’immédiatement identifiables. Parmi eux, il y a Choco, le trouillard du groupe, dont la maladresse n’a d’égale que son immense appétit. Data apporte la petite touche “technologique” aux Goonies avec ses gadgets tous plus farfelus les uns que les autres. Bagout, comme son surnom l’indique, occupe la place du beau parleur. Il a toujours un truc à dire, la plupart du temps une vacherie. Toutefois, sa connaissance de l’espagnol joue un rôle primordial au cours de l’aventure. Et puis il y a Mikey, d’apparence chétif et effacé, qui jouit néanmoins d’une douce autorité sur ses compères. Il est à l’initiative de cette chasse au trésor, et saura en temps voulu rappeler à ses amis l’importance de celle-ci, dont la finalité va bien au-delà de leur enrichissement personnel. Le but avoué est de sauvegarder leur univers en permettant à leurs parents de devenir propriétaires de leurs maisons, et ainsi faire la nique aux insensibles entrepreneurs. Mikey apporte donc une touche de moralité à cette aventure, bien qu’elle tende à s’effacer au cours de l’action pour mieux ressurgir à l’heure du happy end de rigueur. C’est le côté gentil de Spielberg qui s’exprime alors, lui qui ne saurait se résoudre à rendre caduques les efforts de ces joyeux trublions. Force est rendue à l’imaginaire et à leur volonté de renverser des montagnes pour défendre leur noble cause. En outre, de par ses décors et les pièges orchestrés par Willy le borgne, Les Goonies n’est pas sans évoquer un Indiana Jones pour gosses, impression renforcée par la présence de Ke Huy Quan, le Demi-lune de Indiana Jones et le temple maudit. La production de ce film relève en quelque sorte du mea culpa pour Steven Spileberg, lui qui a toujours regretté la noirceur de la seconde aventure du mythique archéologue.

Pour autant, le film évite de tremper trop ostensiblement dans la guimauve, laissant pointer d’ici de là quelques touches macabres, aussi salutaires qu’efficaces. Les auteurs n’oublient pas qu’il est tout de même question d’un pirate sanguinaire, et s’en donnent à cœur joie dans la description du bateau et de ses occupants. Les Goonies tombent sur une multitude de squelettes dont certains témoignent de la férocité avec laquelle ils s’affrontaient. Sans non plus trop jouer la carte de l’horreur, le film propose quelques plans propices à marquer durablement la mémoire des plus jeunes, comme ce squelette arborant deux poignards fichés au fond de ses orbites. Par ailleurs, la photographie joue également la carte du funèbre, la petite ville d’Astoria étant baignée en permanence d’un crachin persistant et croulant sous un ciel bas et chargé, la lumière du soleil ne revenant qu’à la faveur de la bienheureuse conclusion. De même, la longue marche des Goonies dans les entrailles de la ville s’apparente à une longue procession dans des catacombes, que seuls quelques scènes aquatiques (la cascade aux souhaits, le toboggan) parviennent à égayer. Et puis il y a les Fratelli. Bien que plus proches de méchants cartoonesques dans la lignée d’un vil coyote ou un Elmer Fudge, ils n’en demeurent pas moins dangereux (le gag autour du cadavre de l’agent fédéral est là pour le rappeler), à l’image de leur mama, véritable poison qui ne saurait se laisser attendrir par une ribambelle de gosses en goguette. Portée par le visage improbable de la regrettée Anne Ramsey, elle incarne la réelle menace du film lorsqu’il incombe à ses rejetons d’apporter une petite touche burlesque via leurs disputes incessantes et leurs divers déboires. Il en résulte un humour bête et méchant pas désagréable, qui trouve son acmé lors de la confession express d’un Choco –placé sous la menace d’un mixeur– regrettant amèrement son existence vouée à concocter des coups pendables. Choco, les Fratelli, voici les personnages autour desquels tourne l’essentiel de l’humour du film, faisant mouche quasiment à chaque fois. On pourrait également leur associer Sinoque (Sloth en v.o), gentil monstre au Q.I d’enfant, quoique sa présence a plus vocation à rappeler un autre gentil monstre récent : Gizmo. Une similitude guère surprenante lorsqu’on sait qu’au scénario se cache le même homme.

Déjà auteur du scénario de Gremlins, puis dans la foulée des Goonies de celui du Secret de la pyramide, Chris Columbus avait tout de la poule aux œufs d’or aux yeux de Steven Spielberg. Sauf qu’à l’occasion de leur deuxième collaboration, Chris Colombus s’adonnait déjà à une forme d’autosatisfaction. A plusieurs reprises, le scénariste s’amuse à citer son travail pour Joe Dante. De manière directe lorsqu’au cours de la conversation téléphonique entre Choco et le shérif d’Astoria, ce dernier, lassé des sempiternelles histoires à dormir debout du garnement, remet en cause ses propos en lui rappelant la fois où il avait évoqué de drôles de bébêtes se multipliant au contact de l’eau. Et de façon détournée lorsque Sinoque, s’inspirant d’une scène d’un film de pirates avec Errol Flynn, arrive sur le navire de feu Willy le borgne en se laissant glisser le long de la grand voile à l’aide d’une épée plantée dans celle-ci. Gizmo / Sinoque, même combat ! Contraint de rester enfermés, ils n’ont d’autre choix que de passer du temps devant la télévision, laquelle joue un rôle important sur leur subconscient. On retrouve d’ailleurs une autre scène lors du générique du début où la réalité se substitue à la fiction. Et dans le domaine de l’autocitation, on peut surenchérir avec Data, sorte de Géo Trouvetou maladroit qui renvoie directement à Randall Peltzer, l’homme par qui Gizmo est arrivé, pour le plus grand malheur de Kington Falls. L’ennui, c’est qu’à force de citations, ajoutées à des péripéties et décors trop proches des Indiana Jones (les souterrains empruntés ici ressemblent à un mélange entre le temple aux mille pièges de l’ouverture des Aventuriers de l’arche perdue et des mines du Temple maudit) on finit par se lasser de ce singulier manque d’originalité. Nous sommes en terrain archi balisé, le film fleurant bon la formule voulue gagnante que Richard Donner ne réussit jamais à dynamiser. S’il n’y avait les quelques touches d’humour citées plus avant, les maigres périls affrontés par les Goonies deviendraient vite lassants. Ça braille énormément (à la limite de l’exaspération, parfois) mais cela ne propose pas grand chose de trépidant. Et ce n’est pas la scène de la pieuvre, heureusement coupée au moment du montage, et disponible en bonus sur le DVD, qui aurait changé la donne tant celle-ci brillait par son traitement je-m’en-foutiste.

On devrait parfois éviter de se confronter à ses souvenirs d’enfance. Non pas que Les Goonies soit un film honteux, mais la déception est à la hauteur des flashs émerveillés que j’en avais gardé. Contrairement à certains films dont la magie opère toujours quel que soit l’âge auquel on les voit (les deux premiers Indiana Jones, les Star Wars), Les Goonies laisse froid, échouant à nous impliquer totalement dans cette aventure de la dernière chance.

Une réflexion sur “Les Goonies – Richard Donner

  • Sam Gray

    Autant j’adhere au film de Joe Dante, comme explorer, gremlins, les banlieusards, small soldier, ou encore the hole, autant les goonies j’arrive à le regarder jusqu’au bout.

    Le film n’est pas mauvais mais il me laisse froid.

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