CinémaHorreur

Le Masque du démon – Mario Bava

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La Maschera del demonio. 1960

Origine : Italie 
Genre : Horreur 
Réalisation : Mario Bava 
Avec : Barbara Steele, John Richardson, Andrea Checchi, Ivo Garrani…

Premier film officiel du grand Mario Bava, jusqu’ici directeur photo (et réalisateur officieux pour une poignée de film dont le réalisateur d’origine avait claqué la porte). Pour certain, et même pour la majorité, il s’agit ici de son chef d’oeuvre, ce qui vu la superbe filmographie du bonhomme (Le Corps et le fouet, Lisa et le diable, Les Trois visages de la peur, Chiens enragés…) n’est pas peu dire.
L’histoire, adaptée des écrits du trop oublié écrivain russe Gogol, nous raconte la tentative de retour sur terre d’une sorcière qui fut autrefois assasinée par une poignée d’inquisiteurs en colère. Deux scientifiques occidentaux débarquent en effet en pleine Moldavie et côtoient les descendants de la sorcière. Ce sont eux qui vont être à l’origine du retour de la sorcière.

Première chose : le passé récent de directeur photo de Mario Bava est évident. L’esthétique du film crève l’écran. Le noir et blanc est véritablement sompteux, tout en dégradé de gris. On préferera notamment une vision DVD du film, où l’on distingue jusqu’à la moindre trace de veine du bois. C’est dire si l’image est magnifiée par la qualité du support. Mais encore faut-il y avoir quelque chose à magnifier. C’est bien le cas ici. Les décors, principalement des ruines gothiques pardues en pleine nature, font ouvertement réference à ce que faisait la Hammer, et même à certainss peintures de Caspar Friedrich, peintre allemand de mouvance romantique. Bref un cadre très gothique, lié profondément à l’esthétique du mouvement romantique. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le film met en scène des aristocrates décadents. La période du romantisme était en parallèle avec le développement d’un nouveau schéma social, et la fin des valeurs aristocratiques traditionnelles. Une décadence dont les ruines du château témoigne. N’oublions pas de parler de l’éclairage, également sublime. Sombre, avec des éclairages renforcant l’aspect mystérieux. Les zones d’ombres sont nombreuses, et le côté énigmatique (et donc effrayant, puisque la peur nait du non-vu) joue un grand rôle dans l’identité du film. Donc sur un plan esthétique, Le Masque du démon est un chef d’oeuvre. Peut-être même supérieur à ce qu’a fait ou fera la Hammer….

Mais cela ne serait rien sans une intrigue digne de ce nom. Comme je l’ai dit, la décadence de la famille descendante de la sorcière (les Vajda) a un rôle important à jouer. La malédiction plane sur eux. Le père est écrasé par la peur. Quant à la fille, Katia (la culte Barbara Steele), elle est consciente qu’elle n’a ici aucun avenir. Reste le fils, qui tente de faire bouger les choses…
Cette situation pourrissante va dégénerer encore plus rapidement au moment où la sorcière (jouée par Barbara Steele également) va tenter de revenir. Pour cela, elle a besoin du sang de sa descendance femelle, donc de la fille Vajda. Elle va envoyer un zombie, son ancien amant, qu’elle va charger dans un premier temps de se débarasser des géneurs (les occidentaux, le père, le frère) et dans un second temps de ramener Katia Vajda … C’est avec cette intrigue que j’ai le plus de problèmes. Pas que ça soit inintéressant, non : les personnages sont tous très soignés et on s’y attache. Mais c’est au niveau du rythme que Bava pèche un peu. Rien de bien grave, mais tout de même, on ressent parfois un certain ennui. Passager, mais n’empêche.
Par contre, cela n’enlève rien à l’aspect fondateur du film : il y a même quelques initiatives gores, en 1960 ! Comme les yeux béants qui se reforment d’eux-mêmes, chair et sang à l’appui… Et puis même en hors-champ, avec le fameux masque du démon, carcan plein de piques destinées à transperser le visage de la sorcière… Très osé. On peut difficilement trouver à cette époque de film aussi cru. Un vrai film d’horreur, quoi.
Le Masque du démon est en fait une date charnière entre le classicisme hérité des monstres Universal et le futur du cinéma horrifique, qui va progressivement commencer à se débarasser des principales références littéraires pour prendre des libertés tant en terme de réalisation que de scénario. C’est aussi le point de départ du cinéma de genre horrifique italien qui fleurira par la suite, avec le succès de Bava et ceux qu’il a inspiré (comme Dario Argento, par exemple, qui, outre les ingrédients des giallos apprendra à soigner l’esthétique de ses films). Enfin, une des premières (la première ?) Scream-Queen apparaît, en la personne de Barbara Steele…
Bref, un classique.

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