CinémaScience-Fiction

Le Cerveau d’acier – Joseph Sargent

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Colossus : The Forbin Project. 1970

Origine : Etats-Unis 
Genre : Politique-fiction 
Réalisation : Joseph Sargent 
Avec : Eric Braeden, Susan Clark, Gordon Pinsert, William Shallert…

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Le Pentagone est content : il vient de lancer son “Colossus”, qui est une machine gérant de façon autonome et indépendante de l’homme le dispositif de protection et d’action nucléaire du pays. Le concepteur de ce superordinateur, le Docteur Forbin, est lui aussi satisfait et en compagnie du Président il rend hommage à son équipe, restée à la base. Mais la fête est de courte durée : après même pas dix minutes, Colossus détecte Guardian, son équivalent soviétique. La surprise est de taille et ne va pas s’arrêter là, puisque les deux engins vont commencer à communiquer. Les autorités américaines débranchent alors les voies de communication de Colossus, et leurs homologues soviétiques font de même avec Guardian. Mais la réponse des dispositifs est directe et chacun lance une bombe nucléaire. Il faut se rendre à l’évidence : l’humanité est asservie par les deux machines, qui fusionnent après peu de temps en une seule. Le docteur Forbin, interlocuteur privilégié de Colossus, est mis sous surveillance permanente pour qu’il puisse travailler pour Colossus et non contre lui, comme il tenta de le faire. Quand au soviétique Docteur Kuprin, concepteur de Guardian, ordre est tout bonnement donné de l’exécuter. L’équipe du Docteur Forbin arrivera-t-elle à trouver un moyen de reprendre le contrôle de leur création ?

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Dérivé de 2001, l’odyssée de l’espace (pour l’ordinateur tellement intelligent qu’il en vient à menacer l’homme) et précurseur de Terminator, Le Cerveau d’acier est un film apocalyptique pour le moins inégal. Si dans l’ensemble le film se suit sans trop de déplaisir grâce principalement aux enjeux scénaristiques qu’il développe, il n’en reste pas moins qu’il est victime de sévères baisses de tensions qui viennent parfois le rapprocher dangeureusement de la frontière du ridicule. Je pense notamment à tout ce qui concerne la surveillance du Docteur Forbin, qui fait plus qu’ être surveillé par Colossus. Celui-ci lui prépare en effet son emploi du temps, lui donne le menu de son petit déjeuner et lui fait une fleur en lui laissant quelques moments d’intimité, le soir, pour qu’il puisse batifoler avec sa soit-disante copine qui est en fait une scientifique de son équipe avec laquelle il échange des informations secrètes pour mettre à bas la machine. On verse parfois dans le comique, dans un comique facile (la machine qui donne des conseils dans le dosage d’un cocktail) très différent de celui du Dr. Folamour et finalement très peu compatible avec le sujet. Ce sera donc dans les séquences un peu plus sérieuses plaçant le monde au bord de la sanction atomique, que Le Cerveau d’acier utilisera son potentiel. Des scènes comme celles présentant la prise de conscience de la nouvelle situation sont remarquables, d’autant plus qu’elles fonctionnent de façon symétriques : les américains se rendent compte avec effarement de ce qui est en train de se dérouler, et, jusqu’à ce que leur propre chef scientifique disparaisse, les soviétiques font de même. L’union est alors souhaitable, elle est mise en route, mais elle se heurte à l’échec du fait même de ces créations humaines que sont Colossus et Guardian. C’est là toute la bêtise de la course à l’armement nucléaire. On regrettera tout de même que le film, suite à l’exécution de Kurpin, tende à se concentrer uniquement sur les scientifiques américains, sortant à la fois de l’intrigue les politiciens américains et les soviétiques (dont même les scientifiques disparaissent) pour se concentrer sur la seule résistance de l’équipe du Docteur Forbin. Le film perd ainsi de son statut de politique-fiction pour verser dans une histoire d’anticipation ayant trop tendance à se détacher des réalités géopolitiques (la guerre froide) à grande ampleur qui constituaient le sujet de base. La lutte devient moins interessante, mais ne se permet pas non plus de perdre l’attention du spectateur en cours de route, tant Colossus fait parfois preuve d’un cynisme très cruel. Anticipant un sabotage, il laissera ainsi les scientifiques s’activer et voir renaître l’espoir, jusqu’à ce qu’un terme particulièrement violent (une ville américaine et une ville soviétique se prenant une bombe nucléaire sur la gueule) soit mis à leur projet. Malgré ses quelques erreurs de goût à tendance comiques, on ne peut pas dire que le film soit particulièrement optimiste. La fin interviendra de façon très brutale, et, sans être comparable à celle de Dr. Folamour, ne relévera pas franchement du happy end.

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L’oeuvre de Joseph Sargent, pourvue d’autant de défauts que de qualités, obtient quand même au final mon suffrage, le côté rétro de la technologie qu’elle présente n’y étant pas pour rien. Autrement, il s’agit d’une histoire somme toute plutôt simple sur les dangers de la robotisation de l’activité humaine et sur la nécessité de travailler ensemble à la construction de la liberté.

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