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La Guerre des Yokai – Takashi Miike

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Yôkai daisensô. 2005

Origine : Japon 
Genre : Aventure / Fantastique / Comédie 
Réalisation : Takashi Miike 
Avec : Ryunosuke Kamiki, Hiroyuki Miyasako, Chiaki Kuriyama, Bunta Sugawara…

Tadashi, un jeune garçon japonais timide et brimé par ses camarades de classe, est choisi comme “cavalier Kirin” lors d’un défilé folklorique de passage en ville. Cette dénomination, moins honorifique qu’il n’y paraît, l’exposera à de grandes responsabilités : il devra protéger le monde des sombres complots ourdis par de vilains monstres. Son odyssée démarrera dans la montagne des Goblins, où il sera aidé par différents yokai, c’est à dire des créatures fantastiques que seuls les enfants peuvent voir…

Et voici donc L’Histoire sans fin revue par le dément Takashi Miike, capable de tout et de n’importe quoi, du meilleur comme du pire. La Guerre des Yokai n’échappe pas à la règle et son film pour enfants sera loin des habituels canons hollywoodiens du genre auxquels le public s’est habitué. Non pas que le réalisateur évite les morales plutôt convenues, du type “soyez tous gentils” ou encore “ne perdez jamais votre âme d’enfant”, non pas qu’il ne tombe pas dans les habituels clichés : le gamin courageux, les sidekicks comiques, le petit animal qu’on prend immédiatement en sympathie, le gros méchant mystérieux etc etc… Mais, s’appuyant sur un scénario complètement tordu, Miike mise en tous points l’exagération, autant au niveau des personnages que des enjeux de l’intrigue. Ainsi, tous les travers des personnages seront décuplés pour en faire des êtres bien souvent hystériques tour à tour sympathiques, insupportables, pitoyables, mais en tout cas jamais fades. Ce procédé caractérise tous les personnages, du gamin héros aux personnages secondaires, ces derniers se permettant même parfois, à travers leurs occupations sans importances, d’orienter l’histoire du film vers une piste inimaginable ne serait-ce que cinq minutes auparavant. Miike fait n’importe quoi, ce qui n’est pas surprenant, mais comme bien souvent, ses conneries (il n’y a pas d’autres mots, ici) fonctionnent en grande partie. D’autant plus qu’il les accompagne d’un véritable défilé de délires visuels en tous genres, principalement en ce qui concerne les nombreux yokai. Prenant pour postulat (en se basant sur le folklore japonais) que les objets ont une âme, il nous montrera donc l’homme-parapluie, l’homme-mur etc. Ces yokai, ainsi que d’autres, très diversifiés, pourront aussi bien être comiques qu’effrayants, sexy ou beaufs, en CGI foireux ou non… La dernière demi-heure du film, quant à elle, dévoilera également les monstres, qui se veulent grands, très grands, capables de détruire Tokyo (signalons un caméo de Gamera) aussi bien que la mince crédibilité du film, qui à ce niveau là sombre totalement dans une irrésistible frénésie non-sensique à laquelle il est difficile de résister. Miike se lâche, emploie tout son budget (assez élevé, visiblement) n’importe comment, pour le simple plaisir de donner de l’ampleur à son délire. Impensable à Hollywood.

Bref La Guerre des Yokai ne ressemble strictement à rien. Il s’agit d’un film vraiment très étrange, qui se crée (volontairement ?) ses propres faiblesses et qui en rajoute jusqu’à plus soif. On pourra de temps en temps frôler l’overdose, mais globalement, l’entreprise de Miike est réussie. Véritable pied-de-nez au cinéma pour enfants traditionnel, son film ne se prend fort heureusement jamais au sérieux, ne verse jamais dans le pseudo-lyrique niais, tout en alternant les effets spéciaux réussis et les foirés, l’esthétique kitsch ou féerique, l’humour gras et le subtil… Un mélange foutraque d’idées sans queue ni tête. C’est probablement ce qui fait la grande force du film, qui pour le coup laisse vraiment l’imaginaire se développer, sans jamais se limiter aux structures du genre qui pourtant dans le chaos ambiant sont bien respectées. La mégalomanie complaisante de Miike, que l’on connaissait déjà pour ses films malsains, marche également pour ce style de cinéma. Il y a vraiment de quoi s’en réjouir.

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