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La Flic à la police des moeurs – Michele Massimo Tarantini

flicpolicemoeurs

La Poliziotta della squadra del buon costume. 1979

Origine : Italie 
Genre : Comédie sexy 
Réalisation : Michele Massimo Tarantini 
Avec : Edwige Fenech, Alvaro Vitali, Lino Banfi, Franco Diogene…

Au commencement en 1974, il y avait La Poliziotta de Steno, au sujet d’une femme flic incarnée par Mariangela Melato. Si Alvaro Vitali répondait déjà présent à l’appel, cette comédie dans le milieu policier demeurait relativement respectable et sérieuse, avec un discours politique assez marqué. Dès l’année suivante, le producteur Luciano Martino et les joyeux drilles de la comédie sexy s’emparèrent du bébé pour tourner une séquelle, La Flic chez les poulets. Le rôle principal fut bien entendu confié à Edwige Fenech, reine du genre et petite amie de Martino, qui se glissa pour la première fois dans l’uniforme de Gianna D’Amico. Quatre ans plus tard, rebelote avec La Flic à la police des mœurs.

Le dada de Gianna D’Amico est de rejoindre la police des mœurs. Pour convaincre le Commissaire Nardecchia, actuel chef de cette brigade, elle n’hésite pas à payer de sa personne et à se faire passer pour une prostituée afin de démanteler le réseau de traites des blanches convoité par deux bandits ennemis : Joe Macaroni et Pierre La Turraine. Elle en profite également pour essayer de retrouver la mère du petit Armandino, prostituée disparue depuis un an. Tout cela donne bien du soucis à Arturo, petit ami de Gianna qui se voit en outre confier la garde du cynique moutard (“Il est pas bourru, il est con” dit ainsi Armandino de son père provisoire). Quand au chef actuel de la fliquette, le Commissaire Scappavia (Lino Banfi), il est bien trop occupé à régler ses problèmes avec l’agent Tarallo (Alvaro Vitali) pour s’intéresser de près à ce que fait Gianna. Ce n’était pourtant pas l’envie qui lui manquait.

Progression notable face aux toubibs ou enseignantes qu’elle a pu incarner, Edwige Fenech est ici véritablement le personnage principal. Souvent réduite au rang d’objet de désir pour des jeunes hommes ébahis par sa stupéfiante plastique, l’actrice française (même qu’elle commença dans un film dialogué par Audiard !) peut ici se lâcher sans avoir à être la seule membre du casting à conserver son sérieux. Point de bienséance chez Gianna D’Amico, et point de jeunes mâles pour lui courir après pendant tout le film en profitant de son bête professionnalisme. C’est une femme forte, entreprenante, et les hommes qui lui courent après le font en toute discrétion… c’est du moins ce qu’ils pensent. Parfaitement consciente de ses charmes, elle les utilise pour mener à bien son enquête, et le film de se montrer bien plus généreux en érotisme que les autres comédies sexy. Fenech n’hésite plus à s’y déshabiller, parfois d’une manière aguichante (dévoiler ses jambes), parfois d’une façon bien plus crue (le nu intégral d’une scène de douche). Son personnage provoque beaucoup, notamment lorsque sous la couverture d’une chanteuse pour night-club elle interprète une chanson langoureuse baptisée “Pornography” (rien à voir avec le très bon album des Cure, qui n’avait d’ailleurs pas été enregistré) qui lui donne l’occasion de se trémousser pour le plus grand plaisir de Michele Tarantini, qui n’en perd pas une miette. Tout ceci pourrait paraître grandement appréciable… Sauf que du coup, tout ce qui faisait le charme de films comme La Prof donne des leçons particulières ou La Toubib du régiment disparaît. Plus d’humour dérivé du loup de Tex Avery, plus de point de convergence pour le casting masculin. Tarantini se retrouve alors obligé de réserver quelques scènes anodines aux deux compères Vitali / Banfi, qui pendant une heure environ n’ont presque aucun rapport avec les actes de Gianna. Sans elle, les pitreries tournent à vide, victimes du manque d’idées.

En guise de remplacement, le réalisateur et ses scénaristes (qui cette fois ont fait leur boulot, au tarif minimum, certes, mais quand même !) inventent une histoire de malchance récurrente, le Commissaire Scappavia n’arrivant pas à faire marcher son briquet qui refuse de s’allumer, à ouvrir une porte qui refuse de s’ouvrir, à faire sonner une sonnette qui ne sonne pas, à écrire avec un stylo qui refuse obstinément de verser de l’encre et à tirer la chasse d’eau récalcitrante sans l’aide du servile et stressé Tarallo joué par Vitali. Les deux acteurs ont beau mettre tout ce qu’ils ont dans le ventre, parler sans discontinuer en faisant des grimaces, le réalisateur a beau accélérer le défilement de son film pour évoquer le cinéma muet et burlesque, ces scènes superflues ne sont jamais bien drôles et sentent le remplissage à plein nez. Les quelques phénomènes rencontrés par Gianna (en gros Joe Macaroni et son irritant serviteur bègue) auraient en effet fait bien pâle figure en matière d’humour, mais au moins eux ont l’avantage de se fondre dans l’histoire principale sans y être parachutés. Une fois passé la première heure, Tarantini trouve malgré tout le moyen d’intégrer Vitali et Banfi au reste du film, en les travestissant et en les envoyant au night-club. Un peu tard : le film est déjà en phase de résolution, et il ne reste plus que quelques bagarres digne de la série télé Batman et une longue course-poursuite en voitures à travers les rues de la ville. Une longue scène pas mal conçue, si l’on omet l’aspect rudimentaire des plans de face sur les personnages principaux, de toute évidence conçus à l’arrêt. Pimentée par quelques gags fantaisistes plus ou moins réussis (Vitali accroché à travers la fenêtre par un pêcheur, une barque où deux amoureux se bécotent harponnée par une voiture), c’est encore la meilleure scène comique du film. C’est dire si il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. A l’image du personnage d’Edwige Fenech, qui passe plus de temps dans les vêtements affriolants des prostituées qu’en uniforme, le film finit par ne plus avoir aucun lien avec la profession de son héroïne. La satire légère habituellement de mise dans les comédies sexy “de fonctionnaires” est presque inexistante, et c’est bien dommage.

Peu d’Edwige Fenech mais un humour efficace ou beaucoup de Fenech et un humour poussif, c’est au spectateur de choisir. La première solution renvoie aux toubibs ou aux enseignantes, tandis que la seconde caractérise cette Flic à la police des mœurs. Pour ma part, et dans l’espoir de voir un jour réunis les points positifs de ces deux options, je préfère encore la première configuration.

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