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John Rambo – Sylvester Stallone

rambo4 John Rambo. 2007

Origine : États-Unis
Genre : Action / Guerre
Réalisation : Sylvester Stallone
Avec : Sylvester Stallone, Julie Benz, Matthew Marsden, Graham McTavish…

Après avoir réalisé il y a un an un ultime Rocky Balboa qui prouvait tout l’amour de la star pour le personnage qu’il avait lui même créé, Stallone s’attaque à un autre personnage à qui il doit sa célébrité : le vétéran du Vietnam John Rambo. Ainsi le but de Stallone semble très clair, réhabiliter ce personnage après deux derniers épisodes médiocres qui se traînent une réputation de films d’action pour attardés. Une réputation qui bien souvent dans l’esprit d’un certain public vaut aussi pour l’acteur lui même. Stallone partageant avec Schwarzenegger le statut peu enviable d’acteur dont le jeu se limite à rouler des mécaniques et à tuer des méchants. Les deux hommes sont en effet des vétérans des actionner des années 80, depuis tombés en désuétude dans le paysage cinématographique actuel où les films d’action qui bandent mou regorgent. Ainsi, en décidant de réaliser John Rambo, Stallone semble vouloir renouer avec tout un pan du cinéma de divertissement plus que toute autre chose.

La quatrième aventure de Rambo suit donc un déroulement des plus classiques : fatigué par les guerres incessantes qu’il a dû mener, John Rambo s’est retiré dans le nord de la Thaïlande où il tente de mener une existence simple en se tenant à l’écart de la guerre civile qui fait rage dans la Birmanie voisine. Il accepte toutefois d’y conduire un groupe humanitaire chrétien. Mais deux semaines plus tard, un pasteur vient le trouver : il lui apprend que le groupe de volontaires a été porté disparu, et qu’il a engagé une équipe de mercenaires pour partir à leur recherche. Il demande ainsi au vétéran de leur servir de guide. Mais Rambo ne tardera pas à reprendre les armes et à participer à la mission…

Cette intrigue rapproche donc ce film beaucoup plus des Rambo 2 et 3 que du premier, qui s’inscrivait dans une démarche clairement politique. On pouvait ainsi craindre de se retrouver une nouvelle fois avec au mieux un film d’action complètement crétin, et au pire de la propagande américaine nauséabonde. Heureusement il n’en est rien ! Au contraire, si Stallone décide volontairement de ne pas faire de brûlot politique, il reste très lucide sur ce qu’il filme et prend le parti de nous dépeindre la guerre de manière la plus réaliste qui soit : c’est à dire comme quelque chose d’infiniment laid, violent et inhumain. Pour ce faire le film ne lésine pas sur la violence. Ca débute par des images d’archives qui nous montrent les aspects les plus ignobles de la guerre qui secoue la Birmanie, et ça continue avec des massacres et des tortures très violentes. C’est tout à l’honneur de l’acteur que d’être allé jusqu’au bout de son concept et d’avoir osé montrer des scènes souvent très crues, comme ces passages où l’on voit des enfants exécutés et jetés dans les flammes… Pourtant malgré la présence d’éléments pouvant aller dans ce sens, le film ne prend jamais le chemin de l’œuvre engagée. Stallone semble avoir compris que s’il était un défaut au réussi Rambo : First Blood c’était bien d’avoir du mal à faire cohabiter les scènes d’actions avec les scènes engagées politiquement. Ainsi dans ce nouveau film les passages nous décrivant les atrocités de la guerre birmane servent surtout de background à l’histoire. Il l’inscrivent dans un contexte très réaliste. Ces scènes permettent aussi de présenter les personnages du film via leurs réactions face au conflit. Ainsi au départ, les volontaires de la mission humanitaire sont présentés comme des idéalistes un peu naïfs qui n’ont pas vraiment conscience de l’ampleur du danger. Face à eux il y a cette bande de mercenaires qui, s’ils ont parfaitement compris à quoi ils ont affaire, affichent un cynisme très net. Ils ne sont pas là pour changer les choses mais pour faire leur boulot. Et puis il y a Rambo. Maintenant un vieil homme brisé, fatigué par les guerres et qui a du mal à accepter sa condition de soldat sur-entraîné fait pour le combat. Il sait qu’il n’aura jamais d’autre avenir que la guerre, et c’est pourquoi il va finalement prendre lui aussi les armes.
Toutefois tous ces personnages ont quand même une épaisseur psychologique assez restreinte. De même, malgré qu’il livre une vision lucide de la guerre, le film reste parfaitement manichéen avec les gentils d’un coté, et les méchants de l’autre. Évidemment, John Rambo n’est rien de plus qu’un film d’action, loin d’être idiot certes, mais basique quand même. Est-ce un mal ? Bien au contraire, le cinéma de divertissement n’est pas moins noble qu’un autre, et c’est tout à l’honneur de Stallone que d’avoir su rester humble en ne donnant pas à son film des prétentions qu’il n’aurait pu tenir.

John Rambo est donc un film d’action, il se doit donc d’être rythmé, intense et spectaculaire. Stallone remplit le cahier des charges avec brio, dépassant même toutes nos espérances. Il semble avoir exactement compris les attentes de son public et les comble généreusement. Ainsi après une scène d’exposition nécessaire qui nous présente les personnages, le film plonge immédiatement dans l’action. A partir de là le rythme ne faiblira plus et l’intensité des scènes ira croissante. Très bien réalisé, le film est découpé en trois longues scènes d’actions : l’infiltration du camp ennemi et la libération des prisonniers, puis le groupe de héros pourchassé par les ennemis, et enfin l’affrontement final. La narration ne perd pas le spectateur et se contente d’installer une tension qui va crescendo, tandis que la mise en scène ménage à la fois de beaux moments de suspense (dans le camp) et des passages très secs (la course poursuite dans la jungle). L’hostilité de l’environnement est très bien rendue, et le film fait planer une ambiance de danger permanent sur les héros. Enfin, le film met clairement la barre très haut en termes de spectaculaire, en allant toujours au-delà des attentes du spectateur : Rambo n’étrangle plus ses ennemis, il leur arrache littéralement la gorge dans des gerbes de sang. Rambo ne coupe plus la gorge des sentinelles avec son couteau, il les décapite d’un coup sec. Et c’est comme ça durant tout le film, les corps sont déchiquetés par les balles et démembrés par les mines. Rarement film d’action aura été aussi gore et le ton est clairement jusqu’au-boutiste. Pourtant le film ne se dépare pas d’un certain sens de la mesure. En effet en faire trop aurait complètement décrédibilisé le métrage. Ici l’acteur se limite, il n’y aura pas d’hélicoptères détruits à coups de flèches explosives, mais au contraire des scènes d’action bestiale qui arrivent à être à la fois spectaculaires et réalistes, sans jamais non plus tomber dans la gratuité ni dans la glorification de la violence. Tout est une question de ton, et l’acteur maîtrise sans aucun doute son film.
Bref, John Rambo est un très bon film, lucide et maîtrisé. Mais c’est surtout un grand moment d’action à l’ancienne, excessif, spectaculaire et d’une intensité toujours présente, qui redonne ses lettres de noblesse au genre.

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