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Critters 2 – Mick Garris

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Critters 2 : The Main Course. 1988.

Origine : États-Unis
Genre : Suite miraculeuse
Réalisation : Mick Garris
Avec : Scott Grimes, Don Opper, Liane Curtis, Barry Corbin…

Deux années se sont écoulées depuis l’attaque de la ferme des Brown par les Krites. Ces événements ont été plus ou moins bien passés sous silence, et la majorité des habitants de Grover’s Bend vit tranquillement, l’esprit libéré de ce fâcheux souvenir. Un oubli d’autant plus aisé que les Brown eux-mêmes ont quitté la ville. A l’occasion des vacances de Pâques, Brad Brown, le cadet, revient au pays rendre visite à sa grand-mère. C’est ce moment là que choisissent les oeufs abandonnés du premier film pour éclore. L’invasion peut alors reprendre son cours.

Sans être un colossal succès, Critters a suffisamment bien marché de par le monde pour qu’une suite soit envisageable. Une suite répond généralement à un cahier des charges très strict, avec la surenchère comme maître mot. Le nombre des Krites se voit donc considérablement multiplié pour le plus grand plaisir des frères Chiodo, et leur champ d’action s’étend cette fois-ci à toute la ville. De ce point de vue, Critters 2 nous venge du manque d’ambition du premier film. Les habitants de Grover’s Bend sont directement concernés par des événements qui perdent alors leurs attributs de légendes urbaines. Ils sont obligés de se rendre à l’évidence : les Krites existent bel et bien. La famille Brown n’était donc pas folle, seulement peu reconnaissante. Dans un élan de gentillesse, Ug et Lee, les deux chasseurs de primes intersidéraux, avaient reconstruits la ferme complètement détruite par ces diables de Krites. Un geste noble, pas apprécié à sa juste valeur par les Brown, qui ont préféré déménager. Personne n’a racheté leur ferme, ce qui a permis aux oeufs de Krites de proliférer gaiement, dans l’attente que quelqu’un les découvre. Toutes carnassières qu’elles soient, ces petites bestioles nécessitent un minimum d’attention pour pouvoir éclore. Cela apparaît très nettement ici, puisqu’à partir du moment où les oeufs sont trouvés, mis au chaud à l’arrière d’une boutique où, décorés en vu des festivités de Pâques, ils libèrent leurs insatiables pensionnaires.

Dès leur naissance en 1986, les Krites entretenaient déjà une sérieuse filiation avec les Gremlins, que Mick Garris prolonge ouvertement. Il rend les Krites nettement plus bavards, et parsèment son film de nombreuses séances de goinfrerie, qui renvoient directement à Gremlins, via leur caractère inoffensif et le côté potache qui s’en dégage. Des scènes qu’on peut voir comme autant d’hommages à un réalisateur auprès duquel Mick Garris a justement eu l’occasion de travailler sur le tournage de Gremlins. Par contre, les Krites ne singent jamais le genre humain, comme pouvaient le faire leurs ancêtres. Ils restent de simples boules de poils, seulement mues par leur vorace appétit. Un appétit qui ne se repaît encore une fois guère de chair humaine. Sous prétexte que les monstres à anéantir ne sont que de petites boules de poils, les concepteurs de la série privilégient l’humour à l’horreur, comme s’il était impossible de rendre les Krites effrayants. En réalisant Les Oiseaux, Alfred Hitchcock ne s’était pas posé la question quant à l’aspect potentiellement ridicule d’une attaque de volatiles. Au contraire, il avait traité son sujet avec le plus grand sérieux, pour aboutir à une oeuvre magistrale et parfois, réellement inquiétante. En agissant ainsi, les concepteurs de la série font preuve de facilité, et démontrent le peu de crédit qu’ils accordent à un tel sujet. Maintenant, puisque nous savons à quoi nous attendre, il nous est plus facile d’appréhender cette suite pour ce qu’elle est, une comédie horrifique.

Il faut reconnaître que Mick Garris s’en sort nettement mieux que son prédécesseur. Il choisit de jouer pleinement la carte de la distanciation. Cela passe à nouveau par les personnages des chasseurs de primes, dont l’indécision de Lee quant à son aspect humain, constitue le principal ressort comique. Ainsi, le clou de spectacle est sa transformation en playmate, tous seins dehors et string de rigueur. Une scène impromptue, mais qui participe pleinement à la tonalité décomplexée de l’ensemble. Ces écarts humoristiques mis à part, Mick Garris nous offre enfin une véritable confrontation entre les chasseurs de primes et les Krites. Ces derniers se révoltent et défendent fièrement leur vie, ne se contentant plus de servir de cibles faciles. Toutefois, le réalisateur ne reprend pas l’idée du premier film, à savoir la capacité des Krites de se transformer en monstre gigantesque. Vu le peu de cas qu’en avait fait Stephen Herek, cette idée reste définitivement lettre morte. Pour compenser, les Krites témoignent d’une solidarité inédite, et se lient les uns aux autres pour se sortir du vil piège que les habitants, Brad en tête, leur ont tendu. Car ne l’oublions pas, Brad est revenu, et ce n’est pas pour faire de la figuration. Alors il lutte avec ses faibles moyens, mais toujours doté d’un solide courage qui le pousse à affronter les Krites, uniquement armé d’une batte de baseball. Il parvient également à convaincre l’ancien shérif de reprendre du service pour défendre les contribuables. Un shérif qui a bien changé depuis le premier film. Plus courageux et plus autoritaire, il a considérablement rajeuni et s’est aminci. Comme quoi, l’oisiveté entretient son homme. Magie du cinéma oblige, il nous faut croire au même personnage alors que M. Emmett Walsh a cédé sa place à Barry Corbin. Et puis il y a toujours Charlie, l’illuminé alcoolique et ami de Brad. Il a été embauché comme chasseur de primes aux côtés de Ug et Lee bien qu’il manque de pratique et reste peu sûr de lui. Toutefois, Mick Garris croit suffisamment en ce personnage pour le sauver d’une mort certaine et procéder à une double passation de pouvoir. Promu shérif, il obtient également la perspective d’être le garant de l’esprit de la série, en remplacement de Brad, qui préfère retourner à Kansas city pour y attendre Morgan, la jeune fille qu’il a eu le temps de séduire au milieu de tout ce foutoir.

Pour son premier passage au long métrage, Mick Garris tape juste. Ce qui est suffisamment rare pour être signalé. S’ouvre alors à lui une carrière toute entière vouée au fantastique, qui passera souvent par la case télévision, mais toujours dans l’ombre des grands représentants du genre. Loin de s’en offusquer, la plupart comptant parmi ses amis, il saura leur ménager des espaces d’expression lorsque ceux-ci ne seront plus considérés (ou si peu) par le milieu. Un bon gars, en somme.

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