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Creepozoids – David DeCoteau

creepozoids

Creepozoids. 1987

Origine : Etats-Unis 
Genre : Decoterie 
Réalisation : David DeCoteau 
Avec : Richard L. Hawkins, Linnea Quigley, Ashlyn Gere, Ken Abraham…

La vie n’est décidément plus la même depuis que l’arme atomique a été employée, sans pour autant mettre fin au conflit. Fuyant le gouvernement pour lequel ils sont des déserteurs, cinq individus se sont rassemblés pour survivre dans cette Amérique ravagée. Désireux de se mettre à l’abri de la pluie acide qui s’annonce, ils trouvent refuge dans un bâtiment abandonné qui se révèle être un laboratoire dans lequel des expériences bizarres ont été menées sur des cobayes qui comme ils ne vont pas tarder à l’apprendre ne sont pas partis bien loin…

Grand retour de David DeCoteau pour la vénérable Empire après une première collaboration outrageusement médiocre que l’on qualifiera de faux départ pour être gentil. Après tout, ce n’est qu’un concours de circonstances qui fit de Dreamaniac un film Empire. Mais maintenant les choses deviennent sérieuses : pour la première fois de sa carrière, DeCoteau tourne en 35 mm ! Et pour bien signifier qu’il lui fait confiance, Charles Band laisse son réalisateur s’impliquer dans la production du film, en compagnie de son actrice principale et bientôt future égérie : Linnea Quigley. Ici démarre en effet la carrière du tandem DeCoteau / Quigley qui à l’heure où ces lignes sont écrites – le duo continue à sévir – nous a déjà offert une quinzaine de films, sans compter leurs associations dans des documentaires. Enfin ne nous emballons pas : même à l’échelle Empire, Creepozoids reste une petite production sans grande ambition. Pas même celle de la fantaisie, à la manière d’un Pleasure Planet. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder son intrigue, énième film de monstre en milieu clos qui nous renvoie tout droit à Alien, dans une moindre mesure à sa séquelle et dans une mesure encore moindre à Evil Dead. A ce dernier, DeCoteau emprunte le principe de la contamination, et il le rend aussitôt que la seule scène du genre soit passée. A vrai dire, cette histoire de contamination est peu claire : le laboratoire a servi à faire des bidouillages génétiques destinés à supprimer le besoin de nourriture des soldats. Le grand monstre est, devine-t-on, le produit phare de ces expériences hasardeuses, et quelques rats d’envergures non négligeables, pauvres cobayes qu’ils furent, en sont les retombées collatérales. Jusqu’ici, la logique n’est pas trop mise à mal, si l’on excepte le fait que ces infos ont été obtenues par un ordinateur alors que la guerre nucléaire a tout pulvérisé. Par contre, comment expliquer que l’une des victimes devienne un zombie, que d’autres sont gangrénées de l’intérieur, qu’une autre soit tout simplement tuée et que le grand monstre ait la fâcheuse manie de kidnapper les visiteurs pour les planquer dans son antre ? Voilà bien des mystères.

L’explication la plus raisonnable est que DeCoteau a surtout fait ce qu’il croyait être le mieux à tel ou tel moment du film, et au diable la cohérence. N’en prenons pas ombrage, nous ne sommes pas venus voir Creepozoids pour subir des spéculations scientifiques de pointe mais pour assister à un spectacle horrifique digne de ce nom. Si les libertés prises avec le scénario peuvent y contribuer, tant mieux. Mais encore faudrait-il que ce soit le cas et que le réalisateur ne se fourvoie pas auprès de ses personnages dans les couloirs ternes et les pièces obscures qui tiennent lieu de décors. L’impression qui ressort de tout ça, derrière la laideur esthétique (et sonore ! Horrible synthétiseur !), est que le réalisateur s’est avéré incapable de donner un quelconque élan à son histoire et que celle-ci végète entre deux molles attaques du gros monstre ou des gros rats. On ne compte plus les scènes d’exploration de couloirs, quelles qu’en soient les raisons qui les motivent. Et bien sûr, au-dessus de chaque exploration se cache la menace représentée par l’un ou l’autre monstre, qui intervient ou n’intervient pas. On ne s’en soucie guère puisque cette forme d’insistant suspense au rabais, la position du réalisateur pris en défaut d’inventivité et incapable de se montrer aussi doué que le Ridley Scott de la belle époque, use la patience du spectateur jusqu’à ce qu’il ne prête même plus attention aux quelques rares scènes qui auraient pu être amusantes, soit par un gore outrancier soit par leur allure de série Z. Dans un film aussi morne, aussi pantouflard, de telles scènes n’apparaissent plus que dans leur crétinerie nue sans inspirer un sourire. Que ce soit l’inévitable repompe de la fameuse scène du repas de Alien (ponctuée par l’un des deux plans gores du film… le deuxième montre peu ou prou la même chose) ou l’attaque d’un gros rat rigide comme un militaire nord-coréen, rien n’y fait : l’absence d’une folie généralisée n’incite pas à goûter le second degré. Et ce n’est pas le monstre en chef qui aurait montré l’exemple, lui qui est atteint d’une timidité maladive si l’on en croit sa prudence et sa manie de rester dans l’ombre. Bien sûr, le manque de budget y a sûrement contribué, mais à défaut d’y aller au culot (ça aurait pu être tenté : le monstre n’a pas l’air si catastrophique que ça) n’aurait-il pas mieux fallu adapter le film à cette situation ? Certaines productions Empire n’étaient pas aussi timorées.

Et en parlant de timorée, Linna Quigley faillit à sa réputation d’amusante délurée. Passée sa scène de douche assez tôt dans le film, elle redescend très vite au niveau de ses camarades. C’est à dire qu’elle se ballade dans les couloirs et fait preuve d’une regrettable transparence. Car les personnages sont au niveau du reste : quelconques. Ce sont des caricatures pâlottes, suffisamment typées pour être cataloguées (le chef, le geek, le gros bras, la blonde, la scientifique) mais pas assez maltraitées pour qu’on puisse dire que le réalisateur veuille les tourner en ridicule. En l’absence de monstres décomplexés et d’intrigue cohérente, ce sont sur leurs frêles épaules et leurs dialogues absurdes que repose le film. C’est dire si c’est mal barré… L’absence d’imagination de DeCoteau est telle qu’il rassemble toutes les tares de son film dans un climax réunissant la laideur visuelle, les tics de couloirs, le personnage sans charisme, le gore minimaliste et la bonne idée mal exploitée (en l’occurrence un bébé monstre bien moins dégourdi que la plupart des petits monstres dont l’Empire s’est faite une spécialiste). Interminable ce climax, et la promesse d’une séquelle via l’inévitable dernier plan est la seule chose effrayante dispensée par DeCoteau. Heureusement, il n’a pas tenu sa promesse (mais il s’en est fallu de peu à ce qu’il paraît).

Dire que Creepozoids est chiant serait mentir. D’une durée d’1H10, il évite malgré tout ce tort, on ne sait trop comment… Peut-être l’espoir que quelque chose finisse par ressortir positivement. Peine perdue. Le film est juste mauvais, pas si loin que ça de Dreamaniac. La situation devenait préoccupante… Jusqu’à ce que Sorority Babes in the Slimball-Bowl-o-Rama vienne enfin répondre aux exigences et montrer que DeCoteau n’est pas incapable de créer cette ambiance de série B horrifique rigolarde et colorée qui caractérise les films Empire. Il aura tout de même fallu attendre trois films qui ont tous plus ou moins le même sujet simpliste (huis-clos et monstres à gogo) pour y parvenir. Mais pour en revenir à Creepozoids, n’écoutez pas les bruits de couloirs qui en font un nanar à s’en taper le cul par terre et passez votre chemin.

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