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Contamination – Luigi Cozzi

Contamination. 1980.

Origine : Italie/Allemagne
Genre : Fort de café
Réalisation : Luigi Cozzi
Avec : Ian McCulloch, Louise Marleau, Marino Masé, Siegfried Rauch, Gisela Hahn.

Un cargo en provenance d’Amérique du Sud arrive à New York sans que son équipage ne donne signe de vie. Convoyé jusqu’au port et isolé, le navire révèle en son sein une cargaison aussi étrange que dangereuse, de gros œufs verdâtres au contenu particulièrement nocif pour tout être vivant qui entre à son contact. La Colonel Stella Holmes, chargée de la sûreté intérieure du pays, prend alors les choses en main. Aidée du Lieutenant de police Tony Aris et de l’ancien astronaute Ian Hubbard, elle part à la recherche de celui qui a affrété le bateau en vue de contaminer New York. Une enquête qui va mener le trio jusqu’en Colombie et une mystérieuse plantation de café.

Au début des années 80, et en dépit d’une santé chancelante, le cinéma italien continue à défendre vaillamment le cinéma fantastique en Europe. Certes, il a perdu de sa flamboyance au profit d’un opportunisme de bon aloi (tout succès, généralement américain, se voit irrémédiablement digéré puis régurgité à la sauce spaghetti) mais il peut encore compter sur quelques figures de proue à l’imaginaire foisonnant (Dario Argento, Lucio Fulci). Luigi Cozzi n’est pas de ceux-là. Sous son pseudonyme anglophone Lewis Coates, il enchaîne les films sous influence de manière plus ou moins inspirée. Après l’inénarrable Starcrash, le choc des étoiles, il met de l’eau dans son vin avec Contamination, nettement moins délirant.

De part sa proximité temporelle avec Alien, Contamination est victime d’un amalgame sciemment cultivé par les distributeurs. Alors que la partie spatiale occupe une part infime du film (un bref flashback sur la planète Mars dont on ne voit que l’extérieur et l’intérieur d’une grotte), les diverses affiches entretiennent le doute quant à sa localisation, mettant allègrement en avant les œufs verts de la discorde. Or, davantage qu’à Alien, dont il ne partage finalement que quelques éléments visuels (les œufs et les explosions thoraciques, lesquelles nous sont montrées au ralenti, comme un hommage rendu au travail de l’équipe des effets spéciaux), Contamination renvoie plus volontiers à la science-fiction des années 50. Une fois encore, l’invasion vient de Mars, sans qu’il soit pour autant question d’une quelconque propagande anticommuniste. Toutefois, en s’implantant en Colombie, le Martien reproducteur (une belle créature un brin suranné à l’aspect gluant et pourvu d’un œil unique, digne des “Craignos Monsters”) n’a eu aucun mal à embrigader une population locale certainement pas mécontente de faire la nique au vaniteux voisin nord-américain. L’invasion a beau être envisagée à l’échelle planétaire, ses prémices prennent d’abord place à New-York, mégapole cinégénique s’il en est. Non contents de recycler le cinéma américain, les réalisateurs italiens aimaient bien aussi y implanter leurs histoires. Je pense notamment à L’Enfer des Zombies de Lucio Fulci (1979), dont Luigi Cozzi reprend l’idée du bateau fantôme en approche de la baie de New York, ou encore à La Maison au fond du parc de Ruggero Deodato (1980). Il n’y a rien de mieux pour soigner les ventes à l’international !

Au-delà de cette allusion bassement mercantile, il faut reconnaître que Contamination n’est jamais plus efficace que dans sa partie new yorkaise. A défaut d’être prometteuse, l’entame du film tient suffisamment en haleine pour qu’on se laisse bercer par un flot de poncifs. La découverte d’un lieu sinistré, en l’occurrence le cargo et ses membres d’équipage déchiquetés, relève du déjà-vu mais fonctionne toujours. Luigi Cozzi joue alors la carte de l’horreur. Il retrouve même les accents désespérés du Zombie de George Romero, le temps de l’assaut d’un entrepôt. Au lieu de poursuivre dans ce registre jusqu’au-boutiste – il est tout de même question d’une invasion extraterrestre donc par conséquent de la probable éradication de l’espèce humaine – Luigi Cozzi opère un inexplicable virage à 180° pour partir se dorer la pilule sous le soleil sud-américain. D’invasion extraterrestre, il n’y en aura finalement aucune. Seulement une ébauche dont le modus operandi laisse dubitatif. A ce sujet, le titre du film ne pourrait être plus mensonger. Compte tenu de ce que les œufs renferment, une sorte d’acide verdâtre, il n’y a aucune contamination possible, donc aucune épidémie à redouter. Arrivé à maturité, l’œuf éclate, couvrant un périmètre assez restreint, et ne détruit que les êtres vivants aspergés. A ce rythme là, l’invasion n’est pas prêt d’être effective. Le scénario est plutôt elliptique sur le sujet, et écarte toute psychose à grande échelle. Ainsi, la population ne sera jamais directement menacée, et ne saura d’ailleurs jamais ce qui se trame. Les implications se limitent à quelques policiers, des scientifiques et des militaires dans la partie new-yorkaise puis se réduisent à trois malheureuses personnes lorsque le récit s’échappe en Colombie. Au Colonel Stella Holmes et au Lieutenant de police Tony Aris, Luigi Cozzi adjoint un troisième larron à l’utilité toute relative, l’astronaute rescapé de Mars, Ian Hubbard. Le récit se fait alors plus léger, baguenaudant sur les terres de la romance contrariée. Tony Aris le dit lui-même, il ne sait pas ce qu’il fiche là. Alors pour donner le change, il profite du soleil, et surtout de la présence de la Colonel, qui ne le laisse pas indifférent. Derrière ses airs bourrus, on sent que le Commandant Hubbard se laisserait bien tenter aussi. Quant à Stella, elle fait mine de se rendre compte de rien mais à en juger par son empressement à se jeter bêtement dans la gueule du loup (une expression qui prendra tout son sens lors des présentations avec le Martien), elle n’a plus vraiment les idées claires. Tout comme Luigi Cozzi qui abandonne toute ambition entre deux cocktails. Dès lors, le final se résume à un cavalier seul en mode “je fonce dans le tas” contre des récolteurs d’œufs qui n’oublient jamais leurs mitraillettes pour aller dans les champs. On ne sait jamais, il pourrait y avoir des bêtes.

Dans la longue lignée des invasions extraterrestres, Contamination ne compte pas parmi les plus mémorables. Ce serait même tout le contraire tant Luigi Cozzi ne retrouve ni le charme des films de science-fiction d’antan, ni la noirceur de ses contemporains. Reste l’abattage de Marino Masé, qui dans la peau du Lieutenant de police dépassé apporte un peu d’humour, voire l’amusante  profusion de numéros qui inondent les dialogues de la Colonel (« Activez le plan d’urgence n°7 ! » ; « Prenez l’équipe 3 de la section spéciale n°2 ! »). Au moins Contamination évite t-il le zéro pointé, mais il était moins une.

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