CinémaHorreur

Chucky 3 – Jack Bender

chucky3

Child’s play 3. 1991

Origine : Etats-Unis / Royaume-Uni 
Genre : Horreur 
Réalisation : Jack Bender 
Avec : Justin Whalin, Perrey Reeves, Jeremy Sylvers, Travis Fine…

Pas bien reluisant, le Chucky 2. Mais le risque financier n’est pas bien gros, et un troisième film serait le bienvenu. Avant même la sortie de la première séquelle, les producteurs demandèrent à Don Mancini, scénariste et créateur de Chucky, d’en pondre une seconde. Étant un brave gars, il s’exécuta. Il avouera plus tard avoir manqué d’idées, ce qui a selon lui conduit Chucky 3 a être le plus mauvais de la série. On ne peut qu’acquiescer. Quoique réalisé dans la foulée de La Poupée de sang par le chevronné téléaste Jack Bender (qui connaîtra le succès en devenant un réalisateur régulier sur la série Lost), le troisième Chucky se déroule 8 ans après qu’Andy Barclay soit venu à bout de Charles Lee Ray dans l’usine même de fabrication des poupées Brav’gars. Désormais ado, et désormais incarné par Justin Whalin, Andy est envoyé dans une école militaire pour y apprendre la discipline, après l’échec de ses différents séjours en familles d’accueil. Dans le même temps, la production de poupées Brav’gars reprend, et les restes de Chucky sont remodelés. Et revoilà Charles Lee Ray, qui trouve facilement le moyen de se faire envoyer par la poste à l’école d’Andy.

Les résurrections n’ont jamais été très brillantes. Freddy, Jason ou autres Michael Myers s’en sortent habituellement par des tours de passe-passe souvent disgracieux, ce qu’on leur pardonne bien volontiers. Après tout, pas besoin de véritable logique pour faire revenir nos sympathiques équarrisseurs. Le principal est qu’ils soient de nouveau en activité. Même si dans le fond il n’en va pas autrement pour Chucky, il faut quand même bien admettre que ses résurrections à lui sont quand même d’un ridicule achevé. Qu’il soit cramé comme à la fin du premier film ou réduit en compote comme à la fin du second, il se trouve toujours un abruti pour récupérer les débris et en refaire une poupée commercialisable. C’est à croire que Charles Lee Ray a un ami dans l’entreprise Play Pals ! Le même probablement qui a pris la peine de recouvrir l’emballage de Chucky et de l’envoyer par voie postale à l’école militaire… Déjà pas le PDG, en tout cas, puisque celui-ci est le premier à subir les frais du retour de Chucky. Entre nous soit dit, un salaud fini, qui n’a pas hésité à relancer la production des Brav’gars malgré les scandales qui ont suivi les déboires du petit Andy. Sa mort prouve qu’il y a une justice, implacable. Ce n’est pas le seul personnage négatif à mourir ainsi sous les différentes armes de Chucky. Passent ainsi à la trappe le cadet Shelton, le sergent coiffeur et le colonel, soit les principaux tourmenteurs d’Andy. En situant son film dans une école militaire, Mancini n’a pas raté de s’inspirer de la première partie de Full Metal Jacket, avec instructeurs gueulards et têtes de turc. Les premiers ne sont que des copies minables du personnage de R. Lee Ermey (l’humour en moins, car en plus ils se prennent au sérieux, comme si ils avaient de l’importance), et les seconds constituent l’entourage d’Andy, qui en plus d’être un bizuth passe son temps à cavaler après Chucky, donc une poupée, ce qui forcément nuit à son image de marque. Et comme Mancini n’est plus à un cliché près, il compose cet entourage de trois marginaux : le premier est un binoclard rachitique, le second est une seconde, une fille grande gueule, et le troisième est un gamin d’à peine 10 ans qui bien entendu veut jouer avec Chucky et que l’on doit protéger quitte à désobéir aux règles de l’école. Ensemble ils se soutiennent, et c’est bien entendu par le plus grand des hasards que ces trois individus seront les premiers à découvrir la véritable nature de Chucky qui, en tuant les gros méchants gradés, vengera donc nos pieds nickelés sans en avoir l’air. C’était prévisible dès le meurtre du patron véreux de Play Pals, trop gratuit pour être honnête.

Plus encore que dans les précédents, les victimes de Chucky 3 sont repérées dès leur première apparition à l’écran, ce qui prive déjà le film de tout suspense, en plus de lui rajouter cette petite touche de morale collant assez mal au concept de Chucky, qui dans le premier volet partait pour tourmenter une famille déjà précaire. Il faut croire que les petites têtes blondes se sont prises d’affection pour Chucky et qu’il est donc désormais impossible de laisser libre court à sa méchanceté (qui ne s’exprime que par un seul meurtre sur un personnage “important” -indirectement assassiné par Chucky cela dit-, plus peut-être sur un ou deux anonymes). Le constat est là, affligeant : l’incarnation de plastique de Charles Lee Ray s’est ramollie après avoir déjà fondue deux fois. Il est dès lors impossible de l’imaginer réussir à se réincarner dans le personnage de Tyler, le gamin copain de Andy (car Chucky a changé d’avis quant à son futur corps, finalement), et encore moins de se venger de Andy. Il en aurait pourtant eu mille fois l’occasion, mais à chaque fois Mancini se rappelle à notre bon plaisir en inventant tout un tas de dérangements qui, si ils ironisent sur la déveine du tueur en plastique, rappellent surtout que Chucky est désormais tout public, sûrement encore plus que Freddy à la fin de sa carrière. Au moins Krueger ne vengeait il pas hypocritement ses proies… Par contre, il ne ménageait pas ses remarques comiques, chose qui a inspiré Chucky dès le premier film et qui nous vaut encore quelques répliques sardoniques poussives. L’édulcoration vaut aussi pour les meurtres en eux-mêmes, principaux ingrédients des slashers (auxquels on peut rattacher la saga), qui se retrouvent réduits au strict minimum question gore. Là encore, le réalisateur préfère jouer l’ironie inoffensive, faisant par exemple broyer un éboueur dans son camion benne… en hors champ, bien sûr. Et il se permet même de gâcher complètement ce qui aurait dû constituer le moment fort de Chucky 3, à savoir un jeu militaire dans lequel les balles de peinture ont été remplacées par de vraies balles par le malicieux mini-tueur. Un mort, et un sacrifice filmé au ralenti. C’est le bilan final de ce massacre annoncé. Un climax foireux qui se prolonge incompréhensiblement dans une fête foraine piquée au premier Ghoulies 2 venu où, comme durant tout le film, Andy et ses amis jouent à cache-cache avec l’ex “Étrangleur de Lakeshore”.

Chucky 2 marquait déjà un net déclin par rapport au premier volet, qui lui même sans être mauvais n’était pas révolutionnaire. Mais Chucky 3 réussit l’exploit de faire passer son prédécesseur pour un bon film ! Effectivement, Mancini aurait eu bien du mal à nous faire croire qu’il foisonnait d’idées lorsque la Universal (firme distributrice) fit pression sur la production pour que Chucky 3 voit le jour aussitôt après le 2. Voir notre poupée Brav’gars courir en hurlant avec un couteau à la main devient en fait plus embarrassant qu’autre chose. Tellement, qu’il faudra alors attendre 7 ans avant que Chucky n’ose réapparaître en public.

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