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Campus – Albert Pyun

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Dangerously close. 1986

Origine : Etats-Unis 
Genre : Action 
Réalisation : Albert Pyun 
Avec : J. Eddie Peck, John Stockwell, Carey Lowell, Bradford Bancroft…

De l’amas de grand n’importe quoi formant la filmographie d’Albert Pyun (coupable entre autres du Cyborg avec Van Damme) se distingue Campus, qui non content de marquer l’un des principaux faits d’armes de son réalisateur se démarque également du tout venant des films d’action en milieu scolaires descendants de l’honnête Class 1984, tourné quelques années plus tôt. Écrit par John Stockwell (qui tient également l’un des rôles principaux), le film démarre là où la logique des films sécuritaires nous amenait. Le lycée de Vista Verde est débarrassé de tous les problèmes de discipline. Le calme y règne en maître, et pour cause : la sécurité de l’établissement à été confiée aux Sentinelles, un groupe de lycéens volontaires pour encadrer leurs petits camarades et pourvoir aux dégradations de type fenêtres brisées, murs tagués etc… Dirigées par Randy McDevitt (John Stockwell), les sentinelles forment le service d’ordre du lycée et sont protégées par le proviseur Corrigan. Après avoir déclaré son soutien de principe à ce système à priori efficace, Danny Lennox (J. Eddie Peck), nouvel élève et rédacteur en chef du journal du bahut, est invité par McDevitt à se joindre aux Sentinelles. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ces surveillants particuliers ne constituent rien de moins qu’un groupement fasciste zélé, n’hésitant pas à organiser des expéditions punitives pour quiconque ne se plierait pas aux règles du bahut, fixées par eux-mêmes, dans le but de contraindre les éléments perturbateurs à quitter Vista Verde. Les lycéens noirs se trouvent ainsi dans leur collimateur, de même que Krooger, le turbulent punk anarchiste ami de Danny.

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Complétement retournées, les préoccupations sécuritaires ! Le monde scolaire décrit par Pyun et Stockwell se fait beaucoup plus sage, limitant du même coup la dose d’action du film au profit de l’étude du fascisme ayant mené à l’éradication de toute forme d’insoumission. La tranquillité apparente du lycée se révèle en réalité une véritable chappe de plomb imposée par McDevitt et ses hommes, partisans de la terreur. Assez étonnamment de la part d’un réalisateur habitué aux excès, l’accent est mis sur la relative subtilité des méchants du film, des jeunes gens studieux, propres sur eux et volontiers discrets lorsqu’ils se trouvent en public. Pas d’uniformes, pas d’armes, pas d’imagerie d’extrême-droite… Pour cela, il faudra attendre les missions commandos en dehors du lycée, vaguement semblables aux sorties du Klu-Klux-Klan, à ceci près que les masques sont ici empruntés au Humungus de Mad Max 2 et que les armes sont des arbalètes. Pour autant, les moyens d’intimidation, en plus d’être quelque peu répétitifs, ne sont pas non plus particulièrement spectaculaires : une fausse pendaison, un chien méchant, des coups de feu à blanc… L’intérêt est ailleurs : il est dans la mainmise des Sentinelles sur le campus. Tout n’est que manigance et calcul : ainsi, si le héros est invité à se joindre à ces fascistes, c’est avant tout pour que ces derniers puissent avoir un droit de regard sur le canard du bahut. Puisque les fauteurs de troubles ont été supprimés ou ont quitté le lycée, l’activité majeure des Sentinelles est de museler leurs “opposants” et tout ceux qui pourraient entacher la couverture respectable du service d’ordre. Les menaces sont légions, les déserteurs sont étroitement surveillés, et les petites amies elles-mêmes sont plus qu’invitées à ne pas se mêler de ce qui ne les concerne pas. Le proviseur Corrigan se charge également, dans les situations extrêmes, de couvrir les Sentinelles vis-à-vis d’une police qui elle-même les accueille favorablement, contente de l’allégement de sa tâche rendu possible par l’initiative de ce qu’elle considère comme une jeunesse modèle, dont le leader McDevitt est le rejeton d’une famille aisée promis à un brillant avenir dans une université réputée. Au contraire, elle refusera de recevoir la plainte de Danny Lennox, lorsque celui-ci viendra signaler la disparition de Krooger, cet anarchiste jugé peu recommandable.

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Pyun et Stockwell mettent donc le doigt sur ce qui est clairement une dérive fasciste, née de l’aveuglement ou du consentement des autorités “adultes” et “démocrates” prêtes à tout pour se débarrasser de l’épineux problème de la violence à l’école… y compris d’avoir recours à la violence. Prenant une forme respectable et se cachant de l’opinion publique, celle-ci est beaucoup plus dangereuse que la violence primaire des traditionnels élèves turbulents dans le sens où elle est soutenue par le pouvoir et qu’elle vise des cibles prédéterminées, qui n’ont d’autre choix que de démissionner du lycée ou mourir. Ce faisant, pas étonnant que Vista Verde soit devenu un lycée modèle, les mauvais élèves et les agitateurs étant supprimés.
Il sera cela dit regrettable que le scénario en vienne à stagner vers les deux tiers du film, prenant alors la direction d’une enquête menée par Lennox et sa copine Julie (l’ex de McDevitt -incarnée par la future Bond Girl Carey Lowell- ayant réussi à s’affranchir). Un peu idiots, ces héros ne semblent pas avoir compris que les Sentinelles étaient un groupe fasciste et se décideront donc de percer leur secret éventé depuis longtemps aux yeux des spectateurs. Assez incompréhensible, d’autant plus que Pyun avait là une occasion en or de se livrer à son penchant favori : l’action musclée, qui aurait pu prendre la forme d’une grande rébellion, mais qui se contente de n’être qu’une indigeste séquence de castagne achevée par un final intolérablement clément pour des fascistes faisant leur mea culpa. Si l’on y ajoute quelques approximations au niveau de la mise en scène ainsi qu’un casting très douteux (le très fade Eddie Peck, 28 ans, John Stockwell, 25 ans, Carey Lowell, 25 ans… plutôt vieux, les lycéens), cela suffit à rendre le Campus plutôt bancal. Pas mauvais, mais bancal quand même.

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