CinémaHorreur

Autopsy – Adam Gierasch

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Autopsy. 2008

Origine : Etats-Unis
Genre : Horreur
Réalisation : Adam Gierasch
Avec : Robert Patrick, Jessica Lowndes, Ross McCall, Michael Bowen…

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Venus faire la fête à La Nouvelle-Orléans à l’occasion de son carnaval, quatre amis -Emily, Bobby, Clare et Jude, et auxquels s’est joint Dmitriy- font brutalement connaissance avec un arbre lors du voyage retour. La conductrice, Emily, ne semble pas trop savoir comment cela a bien pu arriver. Un élément de réponse se dessine toutefois lorsque un homme, visiblement pensionnaire d’un hôpital, agrippe la jambe de Jude alors que celui-ci soulageait un besoin bien naturel. Cet homme serait donc à l’origine de l’accident. Mais nos amis n’ont pas le temps d’en avoir le cœur net qu’une ambulance apparaît opportunément, ses deux occupants venant récupérer leur patient. Sympas, ils proposent aux jeunes gens de les emmener à l’hôpital afin qu’un médecin puisse les examiner. Un beau geste qui cache des motivations peu avouables, et qui va considérablement gâcher la fin de leur séjour.

Tombé dans la potion magique du cinéma fantastique dès son plus jeune âge (acteur à partir de Asylum en 1997, on lui doit les scénarios de Toolbox murders et Mortuary de Tobe Hooper, et Mother of Tears de Dario Argento), il paraissait légitime que la carrière de réalisateur d’Adam Gierasch démarre sous les bons auspices du genre. Pour ses débuts, il n’a pas cherché l’originalité. Loin s’en faut. Avec ces jeunes gens en vadrouille en prise avec des psychopathes sanguinaires, Autopsy s’inscrit dans la droite lignée des Hostel. Cela induit donc une gratuité dans l’horreur, saupoudrée d’un soupçon d’humour pour la distanciation.

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Aujourd’hui, une grande partie du cinéma horrifique semble gagnée par une frilosité qui confine à la schizophrénie. Cette frilosité ne se traduit pas par une absence d’effets gores, bien au contraire, puisque ces derniers tiennent désormais souvent lieu de finalité. Celle-ci transparaît plutôt dans la manière horripilante qu’ont les réalisateurs de se dédouaner de ce qu’ils montrent. Alors qu’ils mettent tous leurs efforts dans la mise en place de situations particulièrement sordides, ils manquent totalement de courage au moment de les conclure. C’est comme si ils étaient soudain effrayés par leur propre audace. On assiste donc à une surenchère dans l’horreur sans pour autant que celle-ci réussisse à nous mettre mal à l’aise. On se rend alors compte que cela nécessite un talent que la majorité des réalisateurs de films d’horreur actuels ne possède pas. De nos jours, accumuler les effets gores ne relève même plus de la gageure et encore moins de la subversion tant cela s’est considérablement généralisé. Nous sommes désormais pleinement entrés dans l’ère du divertissement horrifique, les effets gores étant surtout là pour procurer des frissons faciles à un public qui en redemande. Adam Gierasch n’agit pas autrement. Il abuse d’effets gores faciles dont l’utilisation confine au grotesque : par exemple, Clare qui se débat sous le poids d’un patient dénudé et dont les mains, censées le repousser, s’introduisent comme par hasard dans les coutures mal refermées laissant se déverser sur son visage horrifié tout un amas de viscères. On peut aussi noter ce faux suspense tournant autour d’un téléphone portable qui voit Emily assister à un découpage en règle de plusieurs cadavres par les bons soins d’un des faux infirmiers. Tout au plus, ces scènes peuvent susciter un mouvement de répulsion, mais de peur, jamais. Elles tombent comme un cheveu dans la soupe, faisant fi de toute logique. On peut ainsi s’étonner que ces ex-taulards emprisonnés pour de simples vols de voitures (dixit les dialogues) soient devenus ces brutes sanguinaires. A moins qu’il ne faille voir là-dessous une critique de l’institution carcérale qui, sous couvert de remettre les individus dans le droit chemin, les précipite dans une telle spirale de violence qu’ils ressortent plus dangereux et inadaptés à la société qu’ils ne l’étaient en entrant. En ce cas, le message est beaucoup trop subtil pour être perçu dans toute sa dimension durant le film. De toute manière, sans vouloir offenser le réalisateur, je doute fortement qu’il ait voulu adjoindre un quelconque sous texte à son film. En revanche, j’ai pressenti son envie de réaliser un film d’horreur vraiment flippant, même si dans les faits cela ne se vérifie guère.

Choisir un hôpital comme unique lieu d’action est une bonne idée en soi. Établissement généralement voué à la guérison, il est le plus souvent perçu comme un lieu passablement glauque et mortifère. C’est un endroit dans lequel on n’a vraiment pas envie de s’attarder. En somme, l’hôpital s’avère le cadre parfait pour un film d’horreur, et qui plus est, fort peu exploité. De mémoire, Halloween 2 de Rick Rosenthal, Terreur à l’hôpital central et plus récemment l’épisode des Masters of horror Piégée à l’intérieur font parties des rares films à y avoir élu domicile, le plus souvent pour un résultat bien peu convaincant. Adam Gierasch avait donc un beau coup à jouer. Malheureusement, il ne suffit pas de filmer des silhouettes inquiétantes dans de longs couloirs aux parois vitrées par une belle nuit d’orage pour poser une ambiance. En outre, il exploite fort mal son hôpital. Prétendument fermé depuis trois ans, l’établissement brille de mille feux. Propre comme un sou neuf, richement équipé, cet hôpital de la miséricorde est trop beau pour être vrai. Il n’est qu’un décor dénué de tout attrait que Adam Gierasch filme de manière désincarnée. Ce qui se voulait un théâtre de l’horreur ressemble davantage à un théâtre de guignols, les personnages se contentant d’arpenter inlassablement les couloirs et à monter et descendre les escaliers, qui en criant d’effroi, qui en vociférant gaiement. A cela s’ajoute des rebondissements à la vacuité insolente, à l’image de l’irruption de ce pauvre agent de police vouée à une mort certaine. Quant aux personnages, nous sommes en présence du panel classique de jeunes gens sans épaisseur juste bons à se faire décimer. Seuls Emily et Jude ont droit à davantage d’égards, la première en se découvrant des aptitudes insoupçonnées pour l’autodéfense, le second en se rachetant une conduite après avoir fait montre d’une liste affolante de tares (accroc aux produits stupéfiants, jaloux, lâche,…). Mais depuis le temps, si c’était du côté des victimes que se trouvaient les personnages les plus inoubliables, ça se saurait. L’ennui, c’est que Adam Gierasch échoue également dans la caractérisation de ses figures maléfiques. Passons sur les deux ambulanciers bas du front et l’infirmière faussement aimable qui ne peuvent se départir de leur statut de simples subalternes. Reste le docteur David Benway dont les motivations –sauver un être qui lui est cher coûte que coûte– renvoie à tout un pan du cinéma fantastique héritier des Yeux sans visage de Georges Franju. Or, en le jouant de manière extrêmement figée, il en nie tout l’aspect romantique. Nous n’avons pas en face de nous un mari éploré, tellement amoureux de sa femme qu’il en vient à briser le serment d’Hippocrate pour lui venir en aide, mais un être froid aux traits tellement figés qu’on en a mal pour ses maxillaires. C’est bien simple, Robert Patrick l’interprète comme si il s’agissait du T-1000 ! Et le réalisateur de le filmer comme tel, le faisant revenir d’entre les morts plus souvent qu’à son tour, nous ménageant cette bonne vieille fin ouverte sans laquelle les films d’horreur n’en seraient plus vraiment.

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Depuis Autopsy, Adam Gierasch a persévéré dans le genre en réalisant notamment Night of the demons, remake du film éponyme réalisé par Kevin Tenney. Là encore, le bougre ne fait pas dans l’originalité, substituant la bonne vieille maison hantée à l’hôpital de son premier film. Quant à l’histoire, elle met encore de jeunes gens délurés aux prises avec des émanations démoniaques. Cette recrudescence de films d’horreur aux personnages juvéniles donne vraiment la désagréable sensation que le genre doit se limiter au seul public adolescent, comme si la peur n’était pas un sentiment que l’on puisse ressentir à tout âge. Cette infantilisation du genre a le don d’exaspérer. Pur produit de son époque, Autopsy est donc à éviter pour peu que vous en ayez tout comme moi marre de ces films faussement traumatisants mais vraiment mauvais.

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