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Apocalypto – Mel Gibson

apocalypto

Apocalypto. 2006

Origine : Etats-Unis 
Genre : Action / Aventure 
Réalisation : Mel Gibson 
Avec : Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Dalia Hernandez, Jonathan Brewer…

Avant même qu’il ne soit sorti, le film de Mel Gibson faisait déjà couler beaucoup d’encre. Tout le monde avait encore en tête les débordements gores de La Passion du Christ et la polémique que le film avait créée à sa sortie. Apocalypto semble être dans la droite lignée, et déjà des polémiques se créent autour d’une violence jugée excessive ou de libertés prises vis-à-vis de l’Histoire. Ainsi, Apocalypto nous narre les aventures de Patte de jaguar, un jeune homme qui vit au crépuscule de la civilisation maya. Alors que son village est pillé et incendié, et que ses habitants sont emportés afin d’être livrés en sacrifice aux cruels Dieux mayas, Patte de Jaguar fera tout son possible pour s’échapper et secourir sa femme et son enfant.

Mel Gibson en est donc à son quatrième film et il reprend sensiblement la même intrigue que pour ses deux précédents : à savoir l’histoire d’un homme seul qui se dresse face à un système barbare et injuste. Que ce soit William Wallace dans Braveheart, Jésus Christ ou ici ce jeune maya, tous sont présentés comme courageux et prêt à se battre pour leurs valeurs. De même, les trois films sont des “fresques historiques” auxquelles Gibson essaye à chaque fois d’insuffler un souffle épique et viscéral. Et ceci ne va pas sans un certain recours à la violence. Le propos de Gibson est de montrer que de tous temps les hommes ne rechignent pas à se faire la guerre et à se massacrer. Ici, il est question de sacrifices humains, de combats et de survie, difficile de montrer cela sans y injecter une violence nécessaire à faire comprendre au spectateur l’âpreté des actions décrites. Bref, dans Apocalypto il n’y a pas cet étalage de violence outrancière et malsaine que certains veulent y voir. Et hormis quelques blessures rigolotes et grand guignolesques qui frisent le grotesque, la violence du film est plutôt utilisée de manière pertinente et justifiée.
Cependant est ce que cela suffit à en faire un bon film ? Rien n’est moins sûr.

Le film de Gibson est plutôt ambitieux vu la diversité des thèmes et des genres qu’il aborde : l’action, le “survival”, l’aventure, sans parler des sous textes religieux, politiques et écologiques qu’il tente d’aborder… Bref, ça fait beaucoup pour un seul film, et Gibson s’emmêle assez vite les pinceaux. La narration et le rythme du film en souffrent. Surtout qu’il utilise des grosses ficelles usées jusqu’à la corde pour mettre en place son histoire : l’introduction de son film nous présente les principaux protagonistes à grand renfort d’humour grivois censé nous les rendre sympathiques … Plutôt pathétique et inopportun dans ce type de film. Heureusement que les acteurs, tous très bons, arrivent à rendre cela digeste. S’ensuit l’attaque du village, où nos gentils mayas grivois sont attaqués par des vilains pas beaux. Et parmi eux se détachent le Bad guy, chef de la bande, et son bras droit… Des poncifs de film d’action, utilisés gauchement par Gibson. A ce stade du film, on sait déjà qu’après une poursuite dans la jungle le héros affrontera l’un après l’autre le bras droit puis le Bad guy, dont la mort précédera le générique de fin. Mais revenons à la narration du film : Gibson le scinde en deux parties distinctes : la première relatera le voyage des prisonniers jusqu’aux pyramides où ils seront sacrifiés, et la deuxième verra Patte de Jaguar tenter de s’enfuir et d’échapper à ses poursuivants.

La première partie est clairement utilisée par Gibson pour montrer la civilisation maya, sa structure sociale et sa religion, tandis que dans la deuxième il s’en désintéresse totalement pour se concentrer uniquement sur l’action. Ainsi au cours du voyage que doivent faire les prisonniers, c’est toute la hiérarchie sociale maya que l’on voit passer : les villageois qui vivent de la chasse et de la pêche dans la forêt, les pestiférés qui sont mis au ban de la société, les mineurs, les paysans, puis les commerçants dans les villes, et enfin les prêtres et l’aristocratie qui représentent le sommet de la hiérarchie sociale. Mel Gibson nous les montre comme une élite manipulatrice qui instrumentalise la religion pour asseoir son pouvoir. Ils sont montrés comme étant instruits et ne sont pas dupes de l’utilité réelle des sacrifices humains : Ils servent d’exutoire pour une foule rendue avide de violence par les mauvaises récoltes et les maladies qui se propagent… A l’instar de Jewison et son excellent Rollerball, Gibson voudrait-il par là dénoncer un système politique et religieux qui use de la violence pour renforcer la cohésion sociale et asseoir son pouvoir ? Ou simplement dire que toutes les civilisations, quelle que soit leur grandeur, finissent par sombrer dans la folie et la violence ? Quoiqu’il en soit le message est montré de manière assez maladroite, et est plutôt lourd à digérer.

Mais la suite n’est pas forcément meilleure, car voilà qu’on sombre dans le pur film d’action aux rouages éculés. Tout y semble trop gros, et le réalisateur enchaîne les raccourcis scénaristiques et les passages obligés avec une facilité déconcertante : Le héros échappe à la mort grâce à une éclipse fort opportune, puis il est aidé par un de ses amis mourant qui se sacrifie pour qu’il puisse s’enfuir, il tue le fils du Bad guy qui veut ainsi se venger… Sans parler de ses emprunts au Predator de McTiernan, où la forêt regorgeant de pièges devient l’alliée du héros (on a même la plongée dans la boue qui sauve Schwarzenegger qui est reprise). Gibson va même plus loin que McTiernan et donne à ses scènes d’actions un message écologiste des plus surprenants. Bref, tout le film est somme toute assez consensuel et peu inventif.
Et pourtant on ne peut pas non plus dire qu’on s’y ennuie. Gibson n’est pas un manchot, et malgré la redondance de certains effets (le réalisateur aime les contre-plongées montrant ses acteurs bondir au-dessus de la caméra), sa mise en scène tout en mouvement s’avère des plus efficaces. La musique, très efficace également, donne au film le caractère épique souhaité en alternant les percussions tribales et les plages de sons graves et sombres. Et les acteurs parviennent tous à tirer leur épingle du jeu (en particulier le charismatique Rudy Youngblood et la très très jolie Dalia Hernandez).

Malgré un problème de rythme, et peut-être une tendance à l’exagération, Apocalypto reste un divertissement agréable, ni moins bon ni meilleur que la moyenne…

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