CinémaDrameFantastique

Always – Steven Spielberg

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Always. 1989

Origine : États-Unis 
Genre : Drame 
Réalisation : Steven Spielberg 
Avec : Richard Dreyfuss, Holly Hunter, John Goodman, Brad Johnson…

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S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Spielberg sur l’ensemble de sa carrière, c’est bien d’avoir su se diversifier dans les genres abordés. Thriller, aventure, science-fiction, comédie, guerre, film historique… La plupart du temps, le Golden Boy connaît des périodes dans lesquelles il se penche plus particulièrement sur tel ou tel genre. En ce moment, il semble être en pleine période historique, puisque après Munich, il s’apprête à réaliser Lincoln. Mais à la fin des années 80, au moment de Always, il est dans ce qui peut être considéré comme sa plus mauvaise -et malheureusement sa plus longue- période : la “guimauve”. Avec elle, il enrobait plusieurs genres (la science-fiction dans E.T., le film social dans La Couleur pourpre, le fantastique dans La Quatrième dimension le film…) pour des résultats laissant systématiquement un goût amer dans la bouche du spectateur cinéphage. Le cinéaste glorieux de ces deux chefs d’œuvre que sont Duel et Les Dents de la mer s’était effectivement ramolli, et même Indiana Jones en pâtit, puisque ses troisièmes aventures se firent remarquer par leur tendance à la facilité référentielle. Always, quant à lui, est le remake d’un film de 1943 nommé A Guy Named Joe, réalisation d’un Victor Fleming qui contribua à l’effort de guerre en essayant de remonter le moral aux troufions. Spielberg ne garde pas le contexte guerrier de son modèle, qu’il semble pourtant fort apprécier (dans sa production Poltergeist, à un moment donné, les personnages regardent ce film). Ou du moins il change de guerre : son film ne se déroule pas dans le milieu de l’aviation militaire, mais dans celui des canadairs, avec ces vaillants combattants du feu chargés avec leurs avions d’aller éteindre les feux de forêt. Dans l’escadron qui nous intéresse, Pete est la superstar : c’est un pro de la navigation aérienne, à tel point qu’il se plait à prendre des risques inconsidérés, au grand dam de sa dame, Dorinda, qui travaille au contrôle aérien. Ensemble, ils filent le parfait amour, bien que madame met un point d’honneur à persuader son copain d’arrêter ses folies aériennes. Il va lui promettre d’arrêter. C’est là qu’arrive sa dernière mission, et, c’était gros comme une maison, Pete va périr. Il sera accueilli dans l’au-delà par une mystérieuse dame (Audrey Hepburn dans son dernier film) qui va le charger d’être l’ange gardien invisible d’un jeune pilote fraichement débarqué dans le milieu des canadairs, et qui ne va pas tarder à sympathiser avec Dorinda, voire plus si affinités.

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Ce qu’il y a de bien avec un tel film, c’est que le spectateur ayant payé sa place de ciné n’a pas à acheter les confiseries à l’entrée : la guimauve lui est fournie dans la salle. Spielberg fait une fois de plus œuvre d’une sensiblerie peu commune, qui agrippe le public dès le début pour ne plus jamais le lâcher. Mais le pire réside encore ailleurs, à savoir dans un scénario archi-prévisible, dont on voit venir les différentes évolutions des kilomètres à l’avance. Quand Pete, encore vivant, croise la route d’un jeune pilote timide regardant Dorinda avec admiration, on se doute qu’après la mort de Pete (qu’on a également devinée dès le départ) le gamin est appelé à fréquenter la belle (qui est sacrément mal doublée en VF, par ailleurs). Les exemples comme ça se ramassent à la pelle, et ils tiennent aussi du fait que Spielberg aime à prendre son temps avant de passer à l’étape supérieure. Ainsi, son exposition dure facilement une bonne demi-heure, rien que pour nous montrer l’amour profond entre le casse-cou Pete et la délicate Dorinda. On trouve le temps long, et quand l’accident mortel arrivera, on ne pourra s’empêcher de penser “enfin !”. Le reste se déroulera dans le classicisme le plus complet, et constituera la morale du film. Spielberg nous livre une fable bien peu subtile sur le deuil, sur la nécessité de passer à autre chose et de ne pas rester bloqué sur des souvenirs d’une époque irrémédiablement perdue. C’est ce qu’apprendra Dorinda, mais aussi Pete, au début forcément un peu jaloux de voir son ancienne promise retrouver un autre homme. Voilà. Plus de deux heures pour cela, pour un film prévisible de A à Z, il y a un peu d’abus, il faut bien l’admettre. Tout comme il convient aussi d’admettre le talent de réalisateur de Spielberg, toujours au top. On pense bien entendu aux séquences où les canadairs plongent au cœur des incendies : on se croirait descendu en enfer, et la vision subjective de l’avion adoptée par le réalisateur contribue à nous rendre très oppressantes les flammes et la fumée qui envahissent l’écran. Et même dans les scènes classiques, en dehors de l’action, Spielberg est parfois tout proche de sauver son film : le style assez délicat qu’il adopte, ses lents travellings voire la musique plutôt discrète de John Williams pourraient faire passer la pilule, si ce n’était pour ce scénario complétement inepte, et qui fera malheureusement un émule dès l’année suivante avec le catastrophique Ghost de Jerry Zucker, qui, lui, ne bénéficiera même pas d’une mise en scène inspirée (les repompes seront nombreuses et peu discrètes, ne serait-ce que pour le héros qui n’est pas capable de dire “je t’aime” à sa belle). Pour conclure sur Always, il s’agit assurément d’un mauvais film qui cependant, grâce à Spielberg, ne mérite pas une attaque en règle. Pour cette fois, on passe l’éponge !

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