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100 Tears – Marcus Koch

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100 Tears. 2007

Origine : Etats-Unis 
Genre : Slasher 
Réalisation : Marcus Koch 
Avec : Joe Davison, Georgia Chris, Jack Amos, Raine Brown…

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Un gros type affublé d’un costume de clown tue des gens avec un hachoir géant.

Le résumé de 100 Tears pourrait s’arrêter là tant son intrigue est maigre et convenue. Pour faire bonne figure je vais quand même évoquer le cas de ces deux journaleux qui cherchent à rédiger un article sur le dit clown tueur (surnommé “le tueur à la larme”) pour leur magazine à sensation. Cette simili enquête sert de fil narratif au film et la caméra ne lâche plus les basques de notre couple de reporters en herbe. Dès lors, le rythme du film se fait pesant et l’on aurait bien du mal à trouver un quelconque intérêt à l’enquête si elle n’était pas émaillée de massacres aussi sanglants qu’efficaces par le gros clown et son immense hachoir. Heureusement les tueries sont nombreuses dans le film, et le sang coule avec générosité.
Nul ne s’étonnera de savoir que derrière la caméra se cache en réalité un responsable des effets spéciaux qui a fait ses armes en mutilant des bouts de latex sur quelques petites productions gores, dont les plus illustres sont des films comme Nikos the Impaler (réalisé par le pape du gore teuton, Andreas Schnaas) ou Citizen Toxie: The Toxic Avenger IV (de Lloyd Kaufmann, boss de la société de production indépendante Troma). Évidemment, avec ça sur son CV il n’allait pas faire le prochain Eastwood. En tout cas, sur 100 Tears il garde sa casquette de responsable des effets spéciaux, et semble même mettre plus de soin à faire gicler fausses viscères et sang de porc qu’à tenir sa caméra.

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En effet, Marcus Koch semble avoir été à bonne école au niveau des effets spéciaux, et ceux de son film sont d’une réussite assez exemplaire sur le plan technique comme esthétique. Réalisés “à l’ancienne”, c’est à dire avec des bouts de mousse de latex, des prothèses et des pompes habilement dissimulées pour projeter du sang partout, ils ont une véritable présence physique à l’écran et y gagnent une esthétique old school de bon aloi pour ce genre d’effets. Ainsi certaines décapitations ou éventrations du film ne dépareilleraient pas dans certains des plus illustres films d’horreur des années 70 et 80. Certes tout n’est pas parfait ni même très crédible (les coups de masses portés sur les corps ont des effets assez aléatoires, un coup ça vous défonce une tête comme un melon -il s’agissait sans doute d’un véritable melon soit dit en passant- un autre coup ça rebondit sans laisser de traces…) mais le but n’est pas le réalisme, mais au contraire les excès les plus invraisemblables ! Le sang gicle jusqu’au plafond comme un geyser, les têtes rebondissent sur tous les murs et les viscères se déroulent d’un coup dès que le ventre est touché. De ses excès naît même une certaine beauté dans l’horreur, qui laissera sans doute beaucoup de spectateurs de marbre certes, mais il est impossible de nier le véritable travail esthétique effectué sur ces effets spéciaux.
En outre, les mises à morts imaginées par Koch et sa bande sont d’une assez grande variété pour que l’intérêt ne retombe jamais. Têtes coupées, tranchées, arrachées, corps mutilés, découpés en petits morceaux, jambes coupées, viscères sortant en cascade, j’en passe et des meilleures! 100 Tears offre un catalogue assez exhaustif et impressionnant des manières de tuer les gens au moyen d’un hachoir (géant).
D’ailleurs parlons-en de ce hachoir!
Véritable arme de destruction massive, les proportions de ce couperet défient à peu près tout ce qu’on a pu voir en la matière dans les films d’horreur. L’arme obéit à la même logique que les effets gores : pas réaliste pour un sou avec son aspect cartonné, ce hachoir en mousse a tout de même une sacrée dégaine et constitue l’un des ressorts humoristique (involontaire?) majeurs du film.
Cela prouve en tout cas qu’un certain soin a été apporté au design du tueur. Et son costume est au diapason. Comment en effet ne pas être impressionné par cet immense clown bedonnant et mutique, au faciès grimaçant et à l’habit crasseux et sanglant ? Le costume est très réussi et constitue à n’en pas douter l’une des plus brillantes illustrations du clown tueur, alors même que la concurrence est grande. De l’adaptation télé d’un livre de Stephen King Il est revenu qui a terrorisé toute ma génération lors de son passage à la télé il y a plus de 10 ans de cela jusqu’au personnage du Captain Spaulding en passant par Killjoy, Clownhouse et autre Killers klowns from outer Space, les exemples sont légions. En effet, il s’agit presque d’un sous genre à part entière, et en tout cas d’une vraie icône de la culture populaire (qui a désormais sa propre page wikipédia !) sans doute née à la fois du déguisement revêtu par l’authentique tueur en série John Wayne Gacy et de la peur ressentie par de nombreux enfants devant les faciès grotesquement maquillés des clowns dans les cirques. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, et l’interprétation monolithique de Jack Amos dans 100 Tears est très loin d’égaler l’effrayante performance de Tim Curry dans Il est revenu ! Ici il n’y a finalement que le design du clown qui est réussi, et au niveau du jeu d’acteur comme de la psychologie du personnage, on est beaucoup plus proche des plus honteux Vendredi 13 que de quoi que ce soit d’autre ! Mais qu’importe, Jason Voorhees a ses fans et son charisme nait de sa stature et de son masque, il en va de même pour Gurdy le clown dont la présence et le faciès livide suffisent à lui donner un minimum de charme.
Il faut dire que si le jeu de l’acteur est limité, la mise en scène ne l’aide pas et rien, mais absolument rien n’est fait pour mettre en valeur ce personnage ! Les scènes de meurtres sont hallucinantes de rapidité dans leur exécution, et l’ont voit juste le gros clown entrer dans le champ le plus normalement du monde et tuer sa victime. Si la mise à mort dure un peu plus longtemps, le temps que tout le sang gicle bien, l’arrivée du clown est à chaque fois bâclée.
A tel point que pas un seul instant le moindre petit effet de suspense ou de frayeur ne se fera ressentir. Et en dépit de son extrême violence graphique, 100 Tears est un film totalement inoffensif qui ne fera sursauter personne. Il faut dire que rien n’est fait pour : la mise en scène est d’une platitude extrême et le jeu des acteurs est réellement catastrophique. Et pour couronner le tout le scénario est extrêmement convenu.

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A la décharge du film tout de même, soulignons le fait que sa production semble avoir été très proche de l’amateurisme, avec des acteurs peu expérimentés ou habitués aux séries Z, un budget dérisoire de 75 000 $, et de nombreux techniciens employés à plusieurs postes (dont Joe Davison qui est à la fois producteur, scénariste et qui joue le rôle principal du film !)
Mais malgré un tournage effectué au moyen de caméra DV ne permettant pas une qualité exceptionnelle, des efforts ont été faits au niveau des décors et de l’ambiance. En effet les images du film se parent d’une teinte brun jaune qui accentue le malaise créé par les décors totalement délabrés du film. Il semble que le réalisateur ait souhaité restituer l’ambiance crade de films comme Maniac ou Cauchemars à Daytona Beach (dont 100 Tears se rapproche beaucoup par son ambiance, ses scènes gores… et sa lenteur !) et le résultat est plutôt réussi. Les images sont glauques et sales, ce qui crée tout de même son petit effet.
Du reste c’est la l’un de seuls points véritablement réussi de ce film qui ne s’adresse décidément qu’aux amateurs de tripes et d’atmosphères dégueux.
Si cela suffit à vous donner envie, le film est distribué en France par Uncut Movies, les autres, passez votre chemin.

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