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Jeremiah, tome 5 : Un cobaye pour l’éternité – Hermann

Jeremiah
Tome 5 : Un cobaye pour l’éternité. 1981

Origine : Belgique
Genre: Action, aventure, science-fiction
Dessins : Hermann
Scénario : Hermann
Editeur : Dupuis

Depuis qu’ils ont retrouvé tante Martha, Jeremiah et Kurdy coulent des jours tranquilles dans une petite habitation qu’ils se sont aménagé. Un beau jour, Kurdy reçoit la visite de Stonebridge, un vieux camarade qu’il ne porte pas dans son cœur, et réciproquement. Sauf que cette fois-ci, il est prêt à mettre son ressentiment de côté à l’écoute du travail que Stonebridge lui amène sur un plateau. Sans entrer dans les détails, il fait miroiter à Kurdy une coquette somme d’argent qui ne le laisse pas insensible. Fatigué, et de tante Martha et de sa nouvelle petite vie sans histoires, Kurdy accepte l’offre de Stonebridge et le suit, sans même attendre le retour de Jeremiah. Une bien mauvaise idée puisque se faisant, il se jette tout droit dans la gueule du loup.

Avec ce cinquième tome, Hermann entame en quelque sorte un nouveau cycle. Même si la recherche de tante Martha n’occupait pas une place très importante jusqu’aux Yeux de fer rouge, au moins celle-ci donnait un but à Jeremiah qui sous-tendait les quatre premiers tomes. Hermann donnait alors l’impression d’aller dans une direction précise, les retrouvailles entre tante Martha et Jeremiah semblant devoir sceller les aventures de ce dernier. Sauf que l’auteur n’envisage pas sa série comme quelque chose qui doit nécessairement avoir un début et une fin. N’oublions pas que Jeremiah est la première création dont il est l’unique créateur et que, à ce titre, cette série lui offre un grand espace de liberté. Ce pays en reconstruction et son duo de marginaux forment le terreau idéal à toutes ses envies aussi bien graphiques que thématiques. Avec Un cobaye pour l’éternité, Hermann s’éloigne du style western qui dominait les quatre premiers tomes pour aborder un sujet plus ancré dans la littérature fantastique, et qui fait rêver bien des gens encore de nos jours, le culte de la jeunesse éternelle.

Ici, cela se traduit par le petit commerce d’un obscur professeur qui dirige d’une poigne de fer une clinique haut de gamme. Sa clientèle ? Des gens fortunés pour la plupart, ou qui s’endettent (car les services du bon docteur ne sont pas donnés), tous se refusant à vieillir. En façade, le bon docteur dirige un bel établissement disposant de tout le confort voulu (chambres spacieuses et bien équipées, piscine, salons cossus). Mais en coulisse, le bel établissement pétillant de vie devient mouroir, la jeunesse de ses clients étant acquise au détriment de celle de gens issus du bas peuple. Par bien des aspects, Un cobaye pour l’éternité joue sur le même terrain que Traitement de choc, le film de Alain Jessua. L’un comme l’autre fustigent la superficialité et l’aveuglement des gens fortunés qui ne pensent qu’à leur bien être, se fichant éperdument de la souffrance des petites gens. Mais Hermann n’a pas attendu ce cinquième tome pour aborder le sujet, celui-ci parcourant déjà les tomes précédents. Depuis le début, il nous dépeint une société coercitive qui accentue les tares déjà présentes dans la société d’avant la catastrophe atomique. Le peuple est constamment opprimé, le pouvoir de l’argent toujours aussi important et les hautes sphères aussi pourries. Le tout est symbolisé par ces nouvelles bâtisses, comme la clinique, qui émergent des décombres de l’ancien monde, mauvaises herbes dont il est bien difficile de se débarrasser. Toutefois, Hermann ne se veut pas entièrement pessimiste. Après le passage de Jeremiah et Kurdy quelque part, il laisse le plus souvent planer la possibilité d’un changement. Oh, rien de bien concret si ce n’est le sentiment fugace que tout pourrait aller dans le bon sens pour peu que les gens soient moins crédules ou moins égoïstes. Mais Jeremiah et Kurdy ne sont pas des redresseurs de torts pour autant. Ce sont juste deux gars qui cherchent à survivre dans cet univers violent, le premier étant plus enclin à la vie calme et paisible que le second.

Un cobaye pour l’éternité reprend grosso modo la structure de La Nuit des rapaces en inversant les rôles. C’est cette fois-ci Kurdy qui est en danger, aveuglé par sa cupidité et une trop grande confiance en lui. En introduisant le personnage de Stonebridge, qui nourrit un fort contentieux à l’égard de Kurdy, Hermann nous rappelle que le partenaire de Jeremiah n’est pas un enfant de cœur, ayant le plus souvent frayé avec des crapules de la pire espèce. Mais il nous rappelle aussi que lorsqu’il est question d’argent, Kurdy en vient à perdre toute prudence. De son côté, Jeremiah, profite du retour au calme, se laissant même aller à quelques galanteries avec Cheryl, la jeune femme qui accompagnait Stonebridge et qui est restée avec tante Martha et lui. A cette occasion, on retrouve le Jeremiah un peu gauche des débuts, incapable de se décoincer face à cette jolie blonde. Ce n’est pas Kurdy qui aurait fait autant de manière.

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